Sexe et argent au centre d'une affaire sordide

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La peine de mort pour l’assassin de Abdellatif Merdas


Après plusieurs mois d’enquêtes, l’affaire Merdas a été jugée par la cour d’appel de Casablanca. Des condamnations qui vont de la peine capitale à 20 ans de prison ferme ont été prononcées contre les principaux mis.

L’affaire du député UC Abdellatif Merdas, assassiné en mars 2017, devant son domicile, à Casablanca, vient de connaître son dénouement judiciaire. Lundi 15 janvier 2018, en fin d’après-midi, la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca a rendu son verdict. Ainsi, la peine de mort a été prononcée contre l’accusé principal, Hicham Mouchtari, condamné pour homicide volontaire avec préméditation. Le tribunal a également condamné la veuve de la victime, Wafaa Bensamadi, à la perpétuité tandis que son neveu, Hamza Makboul, a écopé d’une peine de 30 ans de prison. Une proche de la veuve, Rokia Chahboun, présentée pour être une voyante, a été aussi condamnée à 20 ans de prison ferme.

Des condamnations attendues pour une affaire sordide qui mêle sexe et argent. Abdellatif Merdas, 53 ans, député de l’Union constitutionnelle dans la région de Casablanca, a été assassiné le 7 mars 2017, avec un fusil de chasse, alors qu’il se trouvait à bord de son véhicule de fonction devant sa villa casablancaise, dans le très chic quartier Californie. Trois personnes avaient été arrêtées quelques jours plus tard. Le neveu, interpellé en Turquie, les avait rejoints en prison ultérieurement. L’enquête, étayée par des vidéos de surveillance et des échanges téléphoniques entre les suspects, a permis d’établir que l’assassinat n’avait aucun caractère politique et que ses mobiles étaient tout particulièrement le sexe, l’argent et le désir de vengeance, selon les termes employés par le procureur général du Roi près de la cour d’appel de Casablanca.

Désir de vengeance
La veuve, encouragée par les prémonitions de la voyante, devenue sa confidente au fil des années, a voulu se venger des violences que lui faisait subir son époux. Et son amant, Hicham Mouchtari, a décidé de passer à l’acte, avec l’aide de son neveu, dans l’espoir de récupérer une partie des biens dont elle devait hériter. Hicham Mouchtari a réussi, grâce à la voyante, à nouer une liaison amoureuse avec la veuve de la victime. Une relation devenue dangereuse puisque M. Mouchtari a pris soin de filmer toutes les rencontres avec sa nouvelle maitresse, ce qui lui permettait d’exercer un chantage sur elle. Prise à la gorge et face à l’indifférence de son mari, Wafaa Bensamadi a finalement convenu avec son amant de mettre en place un plan diabolique pour liquider physiquement le député.

Hicham Mouchtari, qui était vice-président de la commune de Sbata, après son élection au dernier scrutin municipal de 2015, sous les couleurs du RNI, pensait pouvoir tirer profit de cet assassinat puisque sa maitresse allait hériter de nombreux biens financiers et immobiliers que son mari a inscrits en son nom avant sa mort. Une cupidité démesurée et suicidaire pour un homme qui ne pensait peut-être jamais à être condamné à mort. Décidément, l’affaire Abdellatif Merdas, qui mérite bien d’être interprétée au cinéma, a déjoué toutes les hypothèses du début évoquant un assassinat politique.

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