Sécheresse : Un plan royal pour sauver le monde rural

S. M. Mohammed VI a lancé, le 16 février 2022, un programme exceptionnel, doté d’un budget de 10 milliards de DH, visant à atténuer les effets du retard des précipitations et à alléger leur impact sur l’activité agricole, en apportant de l’aide aux agriculteurs et aux éleveurs concernés.

Le Maroc connaît, cette année, l’une de ses pires sécheresses. Depuis 1981, le pays n’a pas subi une telle rareté pluviométrique. Le monde rural a été le premier à subir de plein fouet cette crise. «Cette année sera catastrophique pour l’agriculture sur tous les plans. La rareté de la pluie et le renchérissement des prix des matières premières a induit une crise majeure dans le monde rural.

Les barrages sont quasiment à sec et toutes les régions du Royaume sont concernées. Nous n’avons pas connu une telle sécheresse depuis près de 50 ans», nous déclare Rachid Benali, vice-président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader). La moyenne nationale des précipitations a atteint à ce jour 75 mm, enregistrant ainsi un déficit de 64% en comparaison avec une saison normale.

En l’absence de pâturages et de céréales, les agriculteurs ont vendu à perte une grande partie de leur bétail. «En général, le prix d’une brebis est négocié à partir de 1.200 dirhams. J’ai dû vendre les miennes à 150 DH chacune. Je n’avais pas le choix. De toute façon, elles allaient mourir de soif et de faim. Nous sommes désespérés», nous témoigne un petit agriculteur d’Oulad Frej, un village situé à 50 km d’El Jadida. Un désespoir qui concerne tous les agriculteurs du pays, aucune région n’ayant été épargnée par cette situation alarmante.

10 milliards de DH pour le monde rural
Pour sortir le pays de ce marasme, le roi Mohammed VI a lancé, le 16 février 2022, un programme exceptionnel visant à atténuer les effets du retard des précipitations et à alléger leur impact sur l’activité agricole, en apportant de l’aide aux agriculteurs et aux éleveurs concernés. Ce «plan Marshall», élaboré par le gouvernement de Aziz Akhannouch, nécessitera une enveloppe financière globale estimée à 10 milliards de dirhams (MMDH), dont 3 milliards seront apportés par le Fonds Hassan II pour le développement économique et social.

Dans une déclaration à la presse à l’issue d’une réunion de travail ministérielle, le jeudi 17 février, Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts a relevé que ce programme, s’articule autour de trois principaux axes portant sur l’aide directe en vue de préserver le pouvoir d’achat des agriculteurs et garantir l’approvisionnement en fourrage à des prix convenables, outre l’aménagement et l’équipement de points d’eau et la vaccination de 24 millions têtes de bétail. Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a assuré dans ce cadre que le gouvernement consacrera 1,2 milliard de dirhams au profit des agriculteurs bénéficiaires de l’assurance sécheresse, soulignant que cette contribution couvrira près d’un tiers des terres cultivées.

Le Groupe Crédit agricole à la rescousse
Le Chef du gouvernement a également relevé que le Groupe Crédit agricole soutiendra les personnes ayant contracté des crédits durant la saison agricole actuelle, en procédant au rééchelonnement de leurs dettes, notant que cette mesure est de nature à permettre aux personnes ayant perdu leurs cultures d’hiver de se rattraper pendant la saison printanière.

Cette sollicitude royale a été très bien accueillie par le monde rural, qui garde espoir, en attendant l’Aïd al-Adha afin d’écouler son cheptel. Une fête qui ne sera pas compromise, à en croire notre interlocuteur de la Comader, qui voit en le programme royal une véritable sortie de crise.

«Le Roi a répondu à nos doléances. Nous le remercions. Le programme de soutien va sans aucun doute nous soulager», nous déclare Rachid Benali.

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