Sauvons ces véritables héros du Covid-19

500 médecins luttent contre le coronavirus dans l'indifférence

Le simple fait qu’ils risquent leurs vies pour sauver les nôtres doit pousser l’Etat marocain à accorder aux médecins toute la priorité nécessaire pour les accompagner financièrement et moralement dans cette crise.

Ce n’est un secret pour personne: les médecins sont les plus engagés dans la lutte contre le Covid-19. Toujours dévoués, souvent éloignés de leurs proches, forcément épuisés, les médecins entreprennent tous les jours un travail colossal, parfois dans des conditions très difficiles, pour soigner les malades. Plusieurs d’entre eux, à cause du contact direct avec les patients, sont eux-mêmes tombés malades. Et qui dit contamination dit forcément risque potentiel de mort.

Le simple fait qu’ils risquent leurs vies pour sauver les nôtres doit pousser l’Etat marocain à leur accorder toute la priorité nécessaire pour les accompagner financièrement et moralement dans cette crise. Or, il se trouve dans notre cher pays que certains médecins sont plus exposés que d’autres à la fragilité et à la précarité sociales. Alors que dans plusieurs pays voisins, notamment en Tunisie, dont le président, Kaiss Saïd, a décidé de doubler leurs salaires pour une période de six mois, le Maroc maintient encore un statu quo juridique et financier terrible et incompréhensible pour une large partie des médecins dans les CHU marocains. Ils sont environ 500 médecins à souffrir d’une situation matérielle pour le moins chaotique et inhumaine.

Embauchés avant la crise du Covid-19, ces médecins ont vu leurs contrats signés avec l’Etat expirer à la fin du mois de mars. Mais malgré cette expiration, les braves blouses blanches continuent à servir leurs pays en soignant les malades du Covid-19 dans les différents hôpitaux du Royaume. Conséquence directe de cette situation: ils ne touchent plus leurs compensations financières, estimées à seulement 3.500 dirhams par mois. Un salaire misérable et miséreux alors que le travail accompli équivaut facilement à dix fois plus ce montant. Autre incongruité dont ils sont victimes: leurs contrats d’assurance sont eux aussi arrivés à expiration. Ce qui veut dire qu’ils ne sont plus couverts alors qu’ils sont exposés au risque maximal: le risque de mort. Face au silence des autorités sanitaires et à leur indifférence soupçonnable par rapport à une telle situation, les médecins continuent de travailler dans la douleur et la souffrance, sans forcément montrer qu’ils sont victimes d’injustice. Pour eux, le sens du devoir national passe avant toute autre considération matérielle.

Il faut dire que la situation des 500 médecins contractuels rappelle forcément celle de tous les médecins internes qui avaient crié leur détresse en demandant aux autorités et aux citoyens de leur trouver des logements. Un cri de détresse qui avait trouvé écho chez une large frange de la société marocaine puisque des logements ont été rendus disponibles pour leur confort. Leurs collègues, ayant perdu leurs émoluments et leurs assurances, méritent également toute l’attention et la mobilisation nécessaires. Jusqu’à ce que leur situation juridique et financière soit correctement et amplement corrigée.

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