Pour une presse libre et indépendante
“Les médias sont en crise”, le constat est sans appel pour Julia Cagé, auteur du livre “Sauver les médias” Capitalisme, financement participatif et démocratie. Une crise causée par la rude concurrence qui sévit dans ce domaine et dont les effets sont perceptibles au niveau de la qualité des informations produites par ces médias, en raison des restrictions budgétaires. Mais aux grands maux, les grands moyens. Sitôt le diagnostic établi, l’auteur propose des remèdes.
En effet, à travers une analyse très limpide de la situation actuelle des médias, Julia Cagé propose des solutions concrètes et pragmatiques pour libérer les médias de l’emprise des nantis dont le souci du gain matériel l’emporte sur celui de l’information. Ce qui dénature complètement ce domaine et le discrédite. «Les médias sont de plus en plus possédés par quelques hommes d’affaires (on avait depuis longtemps en France Bouygues et TF1, Dassault et Le Figaro, maintenant on a une recomposition de la presse «de gauche» avec deux géants des télécommunications qui sont rentrés dans le jeu…) qui voient dans ces médias un outil d’influence», déclare-t-elle dans une interview à bscnews.
En économiste chevronnée, cette normalienne, titulaire d’un doctorat de l’université Harvard et professeure d’économie à Sciences-Po Paris, impute les causes du malaise qui gangrène les médias au mode de financement qu’ils adoptent et qui n’est pas conforme à la nature de cette profession. Alors au lieu que ces milliardaires sauvent les médias en injectant des fonds dans les caisses des entreprises de presse, ils les enfoncent davantage dans la crise.
Un modèle alternatif
Pour elle l’issue est toute simple. «Il faut considérer l’information comme un bien public faisant partie du secteur de l’économie de la connaissance au même titre que l’école, les cinémas, les bibliothèques, les musées…», déclaret- elle, sans détour au journal Libération. Le véritable enjeu est donc d’avoir une presse libre et indépendante. Pour y parvenir, il faut adopter un modèle économique particulier. Ce modèle alternatif et novateur passerait, selon l’auteur, par la mise au point d’un statut de «société de média à but non lucratif». Il s’agirait, d’après Julia Cagé, d’un statut de société de média à la frontière entre la fondation et la société par actions, et qui interdirait les distributions de dividendes. Ce mode de financement assure aux médias plus de sécurité et les libère de l’emprise du propriétaire ou de l’actionnaire principal. L’autre dispositif salutaire qu’il faut mettre en place, selon l’auteur, est la monétisation de l’audience pour assurer la pérennité financière de l’entreprise de presse. En rendant tous les services payants, y compris les informations sur Internet, le consommateur de l’information aura droit à un contenu de qualité.