Sans expansion budgétaire, point de salut

ÉVITER L’AUSTÉRITÉ BUDGÉTAIRE EST SEUL À MÊME DE FAVORISER LA REPRISE.

Pour beaucoup d’observateurs, le «monde d’après coronavirus» risque de ressembler au monde d’avant si rien n’est fait pour alléger les contraintes énormes qui pèsent sur les Etats. Etats qui doivent faire face à une demande infinie (santé, éducation, logement, environnement…) avec des moyens finis. Etats rattrapés par la loi d’airain budgétaire, poussés qu’ils sont à contracter un endettement de plus en plus lourd. Néanmoins des Etats qui, à travers des mesures de politique fiscale et budgétaire, n’ont pas manqué de jouer un rôle essentiel pour atténuer les difficultés induites par les règles de confinement. Et ce n’est pas terminé puisque ces Etats devraient continuer de le faire alors que les pouvoirs publics s’efforcent d’aider les ménages et les entreprises, de protéger l’emploi et de préparer la reprise économique qui suivra la pandémie mondiale.

Ces efforts inédits vont assurément amortir le choc, mais ne seront manifestement pas suffisants pour relancer la machine, brisée dans son élan par une double atteinte à ses capacités productives (usines fermées, chaînes de valeur interrompues…) et à la consommation, sous l’effet des mises en chômage partiel et des pertes d’emplois de plus en plus massives qui s’annoncent. Dans un récent rapport l’OCDE indique qu’avec la levée progressive du confinement, une politique budgétaire expansionniste pourrait s’avérer nécessaire pendant une période prolongée. Le but est de stimuler la consommation des ménages et l’investissement des entreprises dans les pays où la reprise est faible. Les mesures de relance pourraient renforcer la résilience face aux risques sanitaires.

Néanmoins les gouvernements, qui doivent être prêts à agir, ne doivent pas s’engager sur un niveau précis d’expansion budgétaire avant de savoir dans quelle direction la demande s’orientera. Pour accélérer la reprise dans notre pays, il n’est donc évidemment pas d’autre voie possible que celle de l’élaboration d’un plan de relance ambitieux et méthodiquement construit à partir d’un diagnostic sans faille de la situation. Les mesures d’urgence constituent une première couche de protection pour les entreprises et les salariés, avec l’espoir de limiter la casse en termes de production et d’emploi. Néanmoins, il faudra aller plus loin et accompagner ce premier train de mesures de crise par un plan de relance efficace et bien ciblé.

Pour atteindre son but et garder le cap s’agissant des grandes ambitions réformatrices que se sont fixées certains pays, dont le nôtre, certains analystes avisés préconisent de ménager une place sérieuse à une action sur la demande en plus du nécessaire appui à l’offre. La spécificité de cette crise est qu’elle n’est pas la résultante d’un déséquilibre économique ou financier. Si elle paralyse l’activité productive, le choc qui en résulte pour les entreprises va obligatoirement se répercuter sur la demande. L’activité partielle et la montée du chômage jointes à un confinement durable dégradent la consommation. Négliger la demande serait donc une erreur fondamentale.

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