Sale temps pour le Polisario

Les grandes puissances contre la création d'un nouvel etat dans le sud du Maroc


Nasser Bourita s’est entretenu avec KonoTaro, ministre japonais des Affaires Etrangères.Tokyo,le 31 août2019.

Le mouvement séparatiste sahraoui n’a cessé, au cours des semaines écoulées, de manger son pain noir.

Le moins que l’on puisse dire est que cet été 2019 n’a pas été de tout repos pour le Front Polisario. Le mouvement séparatiste sahraoui n’a en effet, tout au long des semaines écoulées, cessé de manger son pain noir sous les lambris de la diplomatie internationale, au point que l’on se demande s’il parviendra de sitôt à s’en remettre: il lui faudra, pour ce faire, au moins une autre saison de vacances, et à condition pour lui que le 7, rue Roosevelt, à Rabat, où siège le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, entre en hibernation -ce qui, pour le moins, n’est pas acquis. Au demeurant, les diplomates des pays tiers ne manqueront sans doute pas d’assurer le relais: c’est ainsi qu’on a coup sur coup vu l’administration américaine par voie de presse, et on ne peut plus officiellement le gouvernement japonais, soit les autorités politiques de deux des principales puissances de la planète, se relayer pour faire savoir au Polisario que ses projets de «République arabe sahraouie démocratique » (RASD) sur la partie du Sahara marocain anciennement colonisée par l’Espagne sont bons à être jetés aux orties.

Un projet chimérique
D’abord, le 11 août, c’est le quotidien américain The Wall Street Journal, par l’entremise d’un article publié par son correspondant Dion Nissenbaum, qui se faisait le relais, en citant des officiels impliqués au niveau de l’Organisation des Nations unies (ONU) dans les tractations relatives à la résolution du conflit saharien, du refus de la Maison-Blanche sous la présidence de Donald Trump de tout «plan menant à un nouvel Etat en Afrique»: jamais cette position, certes connue de longue date dans la mesure où ce fut l’Oncle Sam qui avait poussé le Maroc au milieu des années 2000 à proposer son plan d’autonomie du Sahara marocain, n’avait été affichée avec autant d’éclat. Normal donc qu’elle ait fait bondir de sa chaise le Polisario jusqu’en Océanie, puisque c’est le représentant du front en Australie et en Nouvelle- Zélande, Mohamed Kamal Fadel, qui se chargeait de répondre par une tribune publiée le 20 août sur les colonnes du même journal, en pourfendant des affirmations selon lui «fausses» et «trompeuses».

«La lecture de l’article pourrait laisser penser que le maintien du statu quo était la meilleure option disponible,» fustigeait-il. Mais à peine le Polisario se remettait-il de cette première gifle que le Japon lui assénait le coup de grâce en lui interdisant tout bonnement de prendre part à la VIIe Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique «TICAD7», tenue les 28, 29 et 30 août à Yokohama, au pays du soleil levant.

Bienséance diplomatique
Ainsi, le directeur général du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord au ministère des Affaires étrangères japonais, Katsuhiko Takahashi, réaffirmait dans des déclarations relayées le 25 août par l’agence Maghreb arabe presse (MAP) la position de son pays ne reconnaissant pas la pseudo «RASD». «Le Japon estime que cette question devrait être résolue de manière pacifique à travers le dialogue entre les parties concernées,» plaidait-il. Le secrétaire général du Polisario, Brahim Ghali, fera finalement acte de présence à la conférence mais sous les espèces d’un voleur, étant donné que l’Algérie et l’Afrique du Sud se sont chargées de le faire participer sous la couverture de l’Union africaine (UA).

D’ailleurs, le ministre des Affaires étrangères japonais, Taro Kono, ne manquera pas de souligner à la tribune du palais des congrès de Yokohama, où s’est tenu l’événement, que «la présence (...) de toute entité que le Japon ne reconnaît pas comme État n’affecte pas la position du Japon sur le statut de cette entité»; en d’autres termes que l’intéressé n’était pas le bienvenu, et que seul la bienséance diplomatique empêchait son évacuation.

En tout état de cause, le Polisario se trouve actuellement dos au mur, avec, qui plus est, sur les bras les milliers de Marocains qu’il séquestre depuis novembre 1975 dans les camps de Tindouf, dans les hamadas algériennes: comme l’a souligné The Wall Street Journal, beaucoup de ces Marocains, surtout les jeunes, ployant sous l’absence de perspectives que leur imposent l’intransigeance du front et celle d’Alger face au juste milieu de l’autonomie élargie, tombent dans les mailles des organisations terroristes pullulant dans le corridor saharo-sahélien.

Ainsi, dans l’interview qu’il a accordée à la chaîne satellitaire panarabe américaine Al-Hurra et que cette dernière a diffusée le 20 août, M. Ghali a été loin de convaincre. Au journaliste qui lui a par exemple rappelé l’existence du plan d’autonomie marocain du 11 avril 2007 comme solution «réaliste» au conflit, il n’a fait que ressasser le discours des siens afférent à l’indépendance, à «la marocanisation par la répression et les armes» de ce qu’il qualifie de «peuple sahraoui», alors qu’il avait devant lui plus de vingt minutes pour démonter à sa guise le plan et démontrer pourquoi il ne ferait pas l’affaire, si tel est le cas. Pis, M. Ghali trouvait même le moyen d’impliquer la France en l’accusant d’être derrière le blocage de la séparation du Sahara marocain, alors que la chose fait plutôt l’objet d’un consensus au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU.

C’est à croire que le refus de la proposition marocaine découle plus d’une position de principe que d’autre chose, et surtout pas de la logique....

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