"Nous allons saisir le Conseil de la concurrence et déposer une plainte"

Interview de Youssef Belkaid, Président de l’Association nationale des professionnels de la céramique et du second oeuvre (APISA).

Dans cet entretien, le président de l’APISA, Youssef Belkaid, nous explique les raisons de la grogne des importateurs de céramique. Ces derniers comptent durcir le ton et recourir à la justice pour obtenir gain de cause.

Vous avez publié récemment un communiqué où vous vous êtes insurgés contre le durcissement du contrôle des produits importés par les membres de votre association. Quelles sont les raisons de cette colère?
La loi 24-09 ne permet pas à l’administration de bloquer la marchandise pour le contrôle de la sécurité des produits importés, d’exiger aux importateurs de payer les laboratoires de contrôle et d’attendre entre 15 et 20 jours pour débloquer la situation. Ce n’est pas légal. Nous ne sommes pas contre ce principe de contrôle, mais on exige de la transparence dans les règles du jeu. L’administration peut bloquer la marchandise si seulement elle dispose d’un sérieux doute par rapport à la sécurité des produits, mais ne doit pas le faire pour vérifier une norme.

Pourquoi il y a eu, selon vous, ce durcissement du contrôle?
Nous assistons à un protectionnisme primaire. Les autorités avancent la carte du Made in Morocco. Elles veulent limiter les importations pour promouvoir la production locale. Le problème, c’est que cette production est déficiente. C’est bien de consommer local, mais si cela nuit à la qualité de la construction et s’avère de mauvaise qualité, c’est le consommateur marocain qui sera lésé.

Que reprochez-vous aux producteurs nationaux?
Vous savez, 12 millions de m2 de la production locale de carrelage sont hors normes. C’est édifiant. On ne peut pas soutenir l’industrie manufacturière pour produire du carrelage hors normes. Le Made in Morocco doit être mérité. Il faut savoir aussi qu’un seul mètre de carrelage nécessite 20 litres d’eau, soit 2 milliards de litres d’eau par an pour toute la production nationale, ce qui correspond à la consommation d’eau de la ville d’Oujda. Ceci alors que le Maroc souffre d’un grave stress hydrique.

Il faudra, à mon sens, évaluer la valeur ajoutée de la production locale, son respect de l’environnement et sa qualité. De même, nous employons 2.500 employés directs, soit le même nombre que celui des producteurs locaux, alors que nous ne représentons que 20% de la consommation nationale.

Quelles seront vos prochaines actions?
Nous allons saisir le Conseil de la concurrence pour concurrence déloyale et déposer une plainte auprès du tribunal administratif pour que le contrôle des produits importés soit fait dans la légalité.

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