SAINT VALENTIN: Comment les Marocains fêtent l'amour


Les amoureux du monde entier ont fêté l’amour ce jeudi 14 février 2019, jour de la Saint-Valentin. Du petit mot doux au voyage impromptu en passant par le bouquet de fleurs et l’invitation au restaurant, les Valentines et les Valentins étaient sur les starting-blocks.

Le 14 février n’est pas un jour comme les autres pour les amoureux et ils font tout pour ne pas louper le passage annuel de Cupidon, cet enfant de cinq ou six ans, presque tout nu, les yeux bandés, armé d’un arc et d’un carquois rempli de flèches. De plus en plus de Marocains célèbrent la Saint-Valentin, il n’y a qu’à voir les commerçants multiplient les offres promotionnelles spéciales. Pour eux, c’est le jour de la célébration de l’amour, l’occasion de s’échanger des cadeaux, des mots doux, d’avouer son amour pour ceux qui ne l’ont pas encore fait, d’impressionner l’amant avec des bijoux et bien sûr, l’incontournable sortie en amoureux et le tête-à-tête du dîner.

«Pour nous, la Saint-Valentin constitue l’occasion de fêter notre rencontre. C’est pour cela que nous ne la manquons jamais», nous explique Amine, jeune cadre dans le secteur bancaire. Des fleurs, voilà ce à quoi pensent en premier les amoureux pour exprimer leurs sentiments ardents le jour de la Saint-Valentin. Au grand bonheur des fleuristes, jamais aussi sollicités qu’en telle circonstance. Ainsi, Hamid, fleuriste au marché central de Casablanca, réalise une grande part de son chiffre d’affaire le 14 février. «Grâce à cette fête, mes recettes décuplent tous les 14 février depuis plusieurs d’années. Avant, ce jour-là était pour moi un jour comme les autres. J’écoulais au mieux trente bouquets. Maintenant, j’en prévois deux à trois cents à chaque Saint-Valentin», nous explique-t-il. Les amoureux ont une prédilection pour les roses, surtout rouges et il leur faudra débourser entre cent et trois cents dirhams le bouquet, selon l’état de leur bourse.

Bijoux et parfums
Mais il n’y a pas que les fleuristes qui se frottent les mains lors de la Saint-Valentin. Les boutiques de bijoux, cosmétique, fleurs, maroquinerie… décorent leurs somptueuses vitrines avec des motifs sous forme de coeur rouge et dorés. Pour les propriétaires de ces magasins, c’est une occasion en or pour exposer leurs marchandises et la vendre à des prix pouvant facilement dépasser les 3.000 dirhams. Parmi les articles qui se taillent la part du lion au niveau des ventes figurent les parfums et les bijoux (chaînes, bagues et montres). Ils sont suivis des fleurs (les roses rouges symbolisant la passion sont les plus désirées). Les chocolatiers y trouvent aussi leur compte. Car, ce jour-là, les chocolats, surtout belges (à 200 dirhams les 200 grammes), s’arrachent comme des petits pains. Pour mieux faire fondre sa dulcinée, rien de tel qu’un bon gavage de chocolat. Quand on aime, on ne compte pas, voilà ce que se disent les Roméos qui ont les moyens. Pour les plus aisés, ils dépensent leur argent dans des produits de luxe et n’hésitent pas à offrir des parures en or blanc ou jaune avec pavage de diamants. Ceux-ci étant éternels comme leur amour.

Une fête considérée comme chrétienne
Les plus jeunes, eux, se contentent souvent d’envoyer leur témoignage d’amour par SMS ou via le net. «A la Saint-Valentin, je sais que ma dulcinée attend un mot d’amour de ma part. Je le lui envoie par SMS. Elle en est ravie», nous assure Mehdi, élève dans un lycée casablancais. D’autres la célèbrent juste pour le plaisir de se réunir. C’est le cas de Meriem, superviseur dans un centre d’appels: «Pour moi, la Saint-Valentin est tout simplement une occasion de plus pour faire la fête, sortir, s’éclater et s’échanger des roses avec mon ami… Je n’offre pas de cadeaux précieux et je n’en reçois pas. L’essentiel est de s’éclater lorsque l’occasion le permet», dit-elle. Il ne faut pas croire que la célébration de la Saint-Valentin soit une pratique très répandue au Maroc. Tant s’en faut, même si elle est de plus en plus observée. Mais presque exclusivement dans les milieux favorisés et occidentalisés. Occidentalisée, c’est le prétexte premier qu’avancent la majorité des non-adeptes de la Saint-Valentin.

Outre le fait que cette fête soit étrangère, comme le Nouvel an, aux traditions islamiques dont se prévaut le pays dans sa Constitution, elle est considérée par ses détracteurs comme une incitation à la dépravation, aux relations illégitimes entre hommes et femmes et à la manifestation de comportements portant atteinte aux bonnes mœurs dans les espaces publics devant des citoyens, petits et grands, attachés au principes prônés par leur religion. Ces mêmes voix moralisatrices demandent à ce qu’il soit mis fin aux campagnes publicitaires utilisant cette date sur les médias publics pour promouvoir produits et services en arguant que c’est faire plus généralement la promotion d’une autre religion, alors qu’il est de notoriété publique que cette fête n’a aucune connotation religieuse chez les chrétiens. D’autres se contentent de dire que c’est une fête insignifiante: «Mon refus n’a rien à voir avec la religion. Avec ma famille, nous fêtons le Jour de l’an, mais la Saint-Valentin ne veut absolument rien dire pour moi, se désole Ahmed, la quarantaine. Si je suis censé aimer ma femme, je le ferai tous les jours de l’an. Je ne vais quand même pas me contenter de chérir ma femme un jour sur les 365 jours de l’année», avoue-t-il. «Avez-vous déjà entendu des Occidentaux fêter Aïd Al Fitr ou acheter un mouton à Aïd Al Adha?», conclut-il. Logique comme déduction mais ne dit-on pas que l’amour est universel ?.

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