Ce que la junte algérienne ne semble pas se résoudre à comprendre, c’est que pour le Maroc la question de son Sahara est d’ores et déjà expédiée.
Alors que le Conseil de sécurité vient de se réunir à huis clos, ce 20 avril 2022, pour discuter du Sahara marocain, on ne peut sans doute que se satisfaire des multiples cordes que la diplomatie marocaine a pu ajouter à son arc au cours du dernier exercice en vue d’assurer une reconnaissance internationale au parachèvement de l’intégrité territoriale nationale. Au jour d’aujourd’hui, vingt-cinq pays se sont dotés de consulats dans les provinces sahariennes, dont les États-Unis, première puissance mondiale, ce qui revient de leur part à considérer la région concernée comme définitivement sous souveraineté du Maroc.
D’autres, comme l’Allemagne et l’Espagne, ne sont pas allés aussi loin, mais il va sans dire que le soutien plus ou moins affirmé qu’ils apportent désormais à l’initiative pour la négociation d’un statut d’autonomie ne peut, pareillement, souffrir aucun ambage. Pendant ce temps, l’Algérie, qui oeuvre depuis novembre 1975 pour la séparation du Sahara marocain et, concrètement, pour couper le Maroc de sa profondeur continentale ouest-africaine, continue d’essuyer les camouflets: vis-à-vis de l’Espagne, déjà citée plus haut, elle en est réduite à menacer d’augmenter les prix du gaz qu’elle lui livre ou encore à ne plus en importer de boeufs, tandis que plus généralement sa politique de la terre brûlée, qui, comme son nom l’indique, consiste d’abord à brûler ses propres terres, en fait, au surplus, un quasi paria. Au niveau arabe, on l’a vu, son insistance à faire figurer la question du Sahara marocain au sommet qu’elle devait accueillir le 22 mars 2022 et dont elle voulait, dans les faits, faire une tribune pour le mouvement séparatiste du Front Polisario lui a valu un boycott en règle de la part de nombreux dirigeants de la région, à telle enseigne que l’événement, maintenant prévu pour le 1er novembre 2022, demeure fortement menacé et pourrait même finir par ne plus avoir lieu.
Dans le reste de l’Afrique, ce n’est plus, non plus, cette Algérie sûre d’elle-même qui, pétrodollars aidant, faisait pratiquement la pluie et le beau temps et parvenait à faire de l’Union africaine (UA) un bras armé direct de sa diplomatie pour nuire aux intérêts supérieurs du Maroc: depuis que, fin janvier 2017, le Royaume a mis fin à la politique de la chaise vide qu’il avait, dans des circonstances différentes, adoptée au milieu des années 1980 suite à l’adhésion de la pseudo “République arabe sahraouie démocratique” (RASD) à l’Organisation de l’unité africaine (OUA), on voit les instances du continent adopter une position plus équilibrée vis-à-vis du Sahara marocain, après avoir, un moment, poussé jusqu’à la nomination, en juin 2014, de l’ancien président mozambicain, Joaquim Chissano, comme envoyé spécial.
A vrai dire, il ne reste plus que l’Afrique du Sud, dont les dirigeants semblent, en vérité, tout ignorer de la réalité historique et humaine du Sahara marocain, pour soutenir encore la croisade algérienne à l’encontre du Maroc, tandis que le Nigéria, qui était jusqu’à un moment un allié quasi systématique de la voisine de l’Est dans le cadre notamment du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), se fait, depuis la visite de début décembre 2016 du roi Mohammed VI, plus nuancé et privilégie même désormais le projet de gazoduc maroco- nigérian “Afrique Atlantique” au détriment du Transsaharien qui, lui, devait passer à travers le Niger au territoire algérien. Enfin, internationalement parlant, l’alignement digne de la guerre froide d’Alger sur la Russie, qui se traduit notamment par le fait que l’Algérie est depuis belle lurette la première cliente de l’armement russe dans le monde (!), l’a pratiquement mis au ban des nations, si ce n’était pour ses ressources gazières dont principalement les pays du Sud de l’Europe comme l’Espagne et l’Italie dépendent et la peur qu’une condamnation ouverte ne déstabilise davantage une région qui, en la Libye et le Mali, compte déjà des foyers de tension.
Ce que la junte algérienne ne semble pas se résoudre à comprendre, c’est que pour le Maroc la question de son Sahara est d’ores et déjà expédiée et qu’il ne renoncera jamais aux droits historiques dont il y dispose, peu importe qu’elle finance, abrite, arme et soutienne diplomatiquement le Polisario, comme l’avait dénoncé dans une lettre en date de début avril 2018 le roi Mohammed VI en s’adressant au secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres. Si solution il y a vraiment, elle passe par la main que lui tend le Maroc pour la mise en place d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation et qu’elle arrête de se cacher derrière un soi-disant soutien à la légalité internationale. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a toujours le loisir de l’accepter; en continuant de la rejeter, c’est d’abord à son propre pays et ensuite à l’ensemble du Maghreb qu’il fait du tort. Au vu de ses deux premières années de présidence, il ne semble, malheureusement, pas y avoir de quoi espérer...