Sahara marocain: De Mistura met la main dans le cambouis

Pour commencer sa tournée régionale au Maghreb, l’émissaire onusien dans les provinces du Sud a d’abord fait un crochet par le Maroc. L’occasion pour les officiels nationaux de tout mettre au clair avec lui.

Le nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Staffan de Mistura, met déjà le pied à l’étrier. Arrivé dans la capitale, Rabat, dans la soirée du 12 janvier 2022, il s’est entretenu le lendemain avec le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Était également présent aux côtés de ce dernier le représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU et homme de l’année 2021 de Maroc Hebdo, Omar Hilale.

Selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères publié dans la foulée, “la délégation marocaine a réitéré les fondamentaux de la position du Royaume, telle que rappelée dans les discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion des 45ème et 46ème anniversaires de la Marche Verte”, en l’occurrence les discours des deux dernières années, 2020 et 2021.

Et de rappeler qu”“en effet, le Souverain avait réaffirmé, dans lesdits discours, l’attachement du Maroc à la reprise du processus politique conduit sous l’égide exclusive de l’ONU pour parvenir à une solution politique sur la base de l’Initiative marocaine d’Autonomie, dans le cadre du processus des tables rondes, en présence des quatre participants”, à savoir, en plus du Maroc, l’Algérie et la Mauritanie ainsi que le mouvement séparatiste du Front Polisario.

Idée loufoque
Ce qui revient à rejeter tout autre processus que celui, justement, des tables rondes, que pour rappel avait inauguré début décembre 2018 le diplomate allemand Horst Köhler, prédécesseur de M. de Mistura en tant qu’émissaire onusien au Sahara marocain. Car au prétexte de n’être qu’une partie intéressée, l’Algérie pousse depuis le mois d’août 2021 à l’organisation de pourparlers directs qui n’impliqueraient que le Maroc et le Polisario, bien que pourtant elle finance, abrite, arme et soutienne diplomatiquement ce dernier. Son président, Abdelmadjid Tebboune, avait même défendu l’idée loufoque qu’elle accueille elle-même ces pourparlers.

Et pour joindre l’acte à la parole, elle avait fait savoir le 12 octobre 2021 qu’elle ne prendrait tout simplement pas part à de nouvelles tables rondes. “Cette option est désormais obsolète compte tenu de l’instrumentalisation éhontée par la partie marocaine de la participation de l’Algérie aux précédentes tables rondes pour présenter fallacieusement notre pays comme étant partie à un conflit,” avait alors plaidé son soi-disant “envoyé spécial chargé du Sahara occidental et des pays du Maghreb”, Amar Belani.

La dernière résolution du 29 octobre 2021 du Conseil de sécurité sur la situation concernant le Sahara marocain avait toutefois consacré ladite option, ce qui avait poussé deux jours plus tard Alger à dénoncer une “approche fondamentalement déséquilibrée” à ses yeux. Comme l’avait alors résumé M. Bourita, “si l’Algérie a un problème, c’est avec la communauté internationale et avec le Conseil de sécurité”. M. de Mistura sait donc à quoi s’en tenir.

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