Sahara Marocain: Le manège d'Alger mis à nu

En exprimant désormais des suspicions quant à la nomination de Staffan de Mistura comme envoyé de l’ONU au Sahara, le régime algérien prouve qu’il ne veut aucunement que le conflit dans la région se règle.

Mais que veut donc le régime algérien? En tout cas, sans doute pas que le différend autour du Sahara marocain se règle. Et il le prouve encore par les actes. Car le voilà qui se met désormais à rejeter la nomination du diplomate italo-suédois Staffan de Mistura en tant qu’envoyé personnel du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) dans les provinces sahariennes. Le même Staffan de Mistura dont il s’empressait pourtant d’accepter, le 29 avril 2021, la candidature, tout en accusant le Maroc, qui l’avait initialement refusé, de “n’a[voir] aucune volonté politique d’aller vers une solution pacifique au” soi-disant “conflit sahraoui” -dixit le représentant du mouvement séparatiste du Front Polisario auprès de l’ONU, Mohamed Sidi Amar.

Mais maintenant que le Royaume a viré sa cuti et finalement accepté le concerné, il y a nécessairement anguille sous roche. “Qu’est-ce qui a été donné en contrepartie de cette acceptation?,” s’interrogeait notamment, dans une dépêche publiée le 16 septembre 2021, l’agence officielle Algérie presse service (APS). Ce 18 septembre 2021, le représentant du Polisario en Europe, Oubi Bouchraya Bachir, a même avancé que M. de Mistura “reste ligoté par la feuille de route que lui tracera le conseil de sécurité”. “La nomination, bien qu’importante, d’un envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental n’est pas un objectif stratégique majeur en soi,” a-t-il indiqué à l’APS.

L’Algérie, partie prenante
Ce n’est pourtant pas de gaieté de coeur que le Maroc a, on peut l’imaginer, donné son accord à la désignation de M. de Mistura. Rappelons qu’il l’avait au départ rejeté, sans doute en raison de sa connexion avec le ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, les deux étant membres de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), et c’est certainement suite au lobbying des États-Unis qu’il a dû être avalisé. Ces derniers avaient en effet demandé, par le biais du coordinateur du conseil national de sécurité US pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Brett McGurk, de “soutenir la nomination d’un nouvel envoyé de l’ONU (...) afin de renouveler le processus diplomatique sur la question”, comme l’avait révélé dans un article publié le 30 juin 2021 le média électronique américain Axios.

Mais on comprend donc qu’Alger voulait simplement essayer de montrer que c’est le Maroc qui bloquait le processus de paix, non nécessairement de faire avancer ce dernier, car elle savait pertinemment que M. de Mistura se verrait refuser. Et il est également un autre point important, souligné par M. Bouchraya Bachir: la capitale algérienne a désormais bien conscience de son isolement, puisque quand elle laisse entendre qu’au niveau du conseil de sécurité les dés seraient pipés, elle reconnaît que ses thèses ne convainquent plus grand monde au sein de la communauté internationale.

Ledit conseil la considère d’ailleurs ouvertement, depuis avril 2017, comme partie prenante directe dans le différend saharien, et non plus seulement un État voisin ne faisant qu’accueillir de prétendus réfugiés. Le manège n’a, de toute façon, que trop duré.

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