Sahara Marocain: L'étrange sortie de la diplomatie Russe

Est-ce en son nom ou celui de son pays que la directrice du département de l’information et de la presse du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie s’est prononcée en faveur d’un référendum dans les provinces sahariennes?

Il ne fait pas bon d’ouvrir à tout-va des fronts, alors que le Maroc est déjà actuellement en opposition avec l’Espagne et l’Allemagne, sans compter bien sûr l’Algérie et l’Afrique du Sud, partisans notoires de la séparation de son Sahara, mais aussi encore l’Iran et le Venezuela, avec qui pour des raisons également liées à son intégrité territoriale les relations sont carrément rompues -depuis respectivement janvier 2009 et mai 2018.

Mais s’il est un pays particulier dont on peut questionner le “partenariat stratégique approfondi” qui lie le Royaume à lui, puisque tel est le nom de l’accord bilatéral signé en mars 2016 au moment du déplacement qu’y avait fait le roi Mohammed VI, c’est la Russie.

À moins qu’il y ait erreur sur la personne, car on peut encore se demander si c’est en son nom ou celui de son pays que la directrice du département de l’information et de la presse du ministère des Affaires étrangères russe, Maria Zakharova, s’est prononcée ce 10 juin 2021 en faveur de l’organisation d’un référendum dans les provinces sahariennes.

Vous avez bien lu: Moscou est rien de moins qu’en train de remettre sur le tapis une “approche” -c’est là la propre expression de Mme Zakharova- qu’elle avait pourtant jetée il y a plusieurs années déjà aux orties, ce qui avait d’ailleurs en partie contribué au rapprochement opéré donc au milieu de la décennie précédente.

Bien sûr, on n’a jamais attendu de la capitale russe qu’elle prenne le parti du Maroc, sachant ses connexions avec la junte algérienne, qui n’est autre que la première acheteuse de son armement dans le monde arabe et en Afrique. Connexions qui avaient par exemple dès le départ mené Moscou à soutenir cette junte après que cette dernière ait eu à faire face, à partir de février 2019, au mouvement populaire de protestation algérien du Hirak, qui allait moins de deux mois après son commencement faire tomber le président Abdelaziz Bouteflika.

Mais en même temps il est attendu d’elle, si tant est qu’elle tient vraiment à sa relation avec Rabat, qu’elle coupe la poire en deux et garde la stricte neutralité que lui commande d’abord son statut de grande puissance, tout comme le Maroc avait par exemple désavoué, en décembre 2016, son propre chef du gouvernement de l’époque, à savoir Abdelilah Benkirane, après que ce dernier ait évoqué, dans une interview à l’agence panarabe Quds Press, le rôle de la Russie en Syrie.

Le ministère des Affaires étrangères avait même souligné alors, dans un communiqué, que “le Royaume du Maroc respecte le rôle et l’action de la Fédération de Russie.” Mais si l’on se basait du moins sur la sortie de Mme Zakharova, on conclurait que la réciproque n’est pas vraie. Des clarifications s’imposent en tout cas, et il y a à croire que ce ne soit là qu’un malencontreux dérapage de la part de la concernée, qui peut-être ne connaît simplement pas très bien son dossier...

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