
M’Hamed Boucetta, ancien ministre des Affaires étrangères (1977-1983), a confié dernièrement à un visiteur: «Sur le Sahara, il faut conclure…» Il a relevé à cette occasion que le Royaume a pratiquement épuisé toutes les possibilités d’un règlement négocié et qu’il fallait «finir le job». Il a estimé que les errements de l’actuel secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, permettent plusieurs, conclusions qu’il faut rendre opératoires.
Comment? En dressant le constat d’échec d’un processus négociatoire qui n’en finit pas, qui patine même, et qui n’offre plus une sortie. Le référendum? Les Nations-Unies, ellesmêmes, l’ont remisé depuis 2004 du fait qu’il soit irréalisable. James Baker et Peter van Walsum, prédécesseurs de Christopher Ross, envoyé personnel de Ban Ki-moon, en avaient convenu en termes clairs. Des négociations formelles puis informelles avec l’«autre» partie? Elles se sont étirées depuis plus de sept ans, en vain.
Le parti-pris de Ban Ki-moon, lors de sa récente visite dans la région, du 4 au 6 mars 2016, déplace et bouscule les termes de la recherche d’un règlement. Ce responsable onusien n’est plus facilitateur, mais partie prenante. De ce fait, il se disqualifie et, par là-même, le sens et la portée de la mission de son envoyé personnel. Alors? Au Conseil de sécurité de reprendre ce dossier. Lors de ses dernières réunions, il n’a pas pu trancher, sauf à préciser qu’il n’a pas soutenu le secrétaire général de l’ONU; pas plus qu’il n’a condamné le Maroc pour les mesures prises réduisant l’effectif de la Minurso.
Demain, vers le 10 avril 2016, Ban Ki-moon va faire son rapport devant la haute instance onusienne; on le sait, il va se défausser de ses responsabilités et mettre en cause le Maroc. Ce n’est pas décisif, loin de là. Ce qui comptera, c’est la teneur de la résolution du Conseil de sécurité, à la fin avril.
En tout état de cause, la position diplomatique du Maroc s’est sensiblement renforcée. Y aura-t-il une relance d’initiatives? On peut en douter: Ban Ki-moon est en fin de mandat, le président américain Barack Obama aussi. Donner du temps au temps, voilà ce qui reste…
Pour autant, des pistes éventuelles ne sauraient être évacuées. Le format de la Minurso est l’une d’entre elles. Que cette mission assume la plénitude de ses attributions, oui sans doute. Mais le rôle de sa composante civile et de son segment politique ne peut plus rester en l’état –comme prévu par la résolution 690 du Conseil de sécurité– tant il est vrai que ses effectifs étaient chargés de l’organisation d’un référendum sur la base d’un corps électoral clairement identifié.
Une tâche caduque depuis une dizaine d’années. Autre interrogation: comment réactiver les paramètres de la négociation tels que définis par le Conseil de sécurité alors que l’autre partie se met en dehors de ce cadre et qu’elle se distingue par sa rigidité adossée à des slogans? Enfin, il faudra bien que la communauté internationale fasse prévaloir – et, le cas échéant, impose– que la seule perspective sur la table a trait aux principes présentés par le Maroc dans son plan d’avril 2007 et qui ont trouvé leur institutionnalisation dans la régionalisation avancée de la Constitution de juillet 2011. Celle-ci a d’ailleurs été mise en place, le 7 novembre 2015, à Laâyoune, par S.M. le Roi. Conclure donc: voilà le mot d’ordre et l’ardente obligation de tous.