En huit jours seulement, le Pérou et la Bolivie ont rétabli leur reconnaissance de la soi-disant “RASD”. La diplomatie marocaine est, à cet égard, appelée à doubler ses efforts diplomatiques dans la région latino-américaine.
Double gifle pour la diplomatie marocaine en Amérique latine. Coup sur coup, le Pérou, le 8 septembre 2021, et la Bolivie, le 16 septembre suivant, ont rétabli leur reconnaissance de la soi-disant “République arabe sahraouie démocratique” (RASD), au nom de laquelle le mouvement séparatiste sahraoui du Front Polisario revendique la partie du Sahara marocain anciennement colonisée par l’Espagne.
Le premier avait pourtant gelé, depuis début septembre 1996, ses relations avec ladite entité, tandis que la deuxième les avaient suspendues fin janvier 2020. Ce qui porte désormais le nombre de pays latino- américains à reconnaître la “RASD” à dix, puisqu’à la Bolivie et au Pérou il faut également ajouter Cuba, l’Equateur, le Honduras, le Mexique, le Nicaragua, le Panama, l’Uruguay et le Venezuela. Seule l’Afrique, avec dix-sept pays, fait “mieux”.
Retournement de situation en Afrique
En même temps, ce n’est pas faute d’avoir réalisé de nombreuses percées dans la région: rappelons qu’au niveau de l’ensemble du continent américain, le Maroc est aujourd’hui membre observateur dans pas moins de cinq organisations, à savoir l’Association des États de la Caraïbe (AEC), la Communauté andine (CAN), l’Organisation des États américains (OEA), le Secrétariat général ibéro-américain (SEGIB) et le Système d’intégration centraméricain (SICA).
Et que la Colombie, le Costa Rica, le Guatemala, le Paraguay, la République dominicaine et le Salvador, qui tous avaient pris langue à un moment avec la “RASD”, ont maintenant gelé ou retiré leur reconnaissance de cette dernière. Mais en même temps, un effort supplémentaire est sans doute à fournir, au risque d’avoir à essuyer de nouvelles reconnaissances dans le futur.
Ainsi, le Maroc semble trop s’appuyer encore sur les partis de droite d’Amérique latine, qui, il est vrai, sont moins endoctrinés et n’ont pas tendance à faire la lecture viciée usuelle de leur pendant de gauche, pour qui il existerait un “peuple” sahraoui faisant l’objet d’une occupation sur ses terres. C’est d’ailleurs sous des présidents droitiers, en l’occurrence Alberto Fujimori et Jeanine Anez, que le Pérou et la Bolivie avaient rompu leurs relations avec la “RASD”. Mais dès lors qu’il y a alternance, le risque se pose toujours de se retrouver en perte de terrain: les présidents bolivien, Luis Arce, et péruvien, Pedro Castillo, sont justement classés à gauche.
Le Paraguay, en particulier, a, de façon assez caricaturale, été témoin de l’influence de ces changements de pouvoir, avec à partir de février 2000 la reconnaissance de la “RASD”, puis cinq mois plus tard cette reconnaissance s’était vue gelée, puis de nouveau rétablie, avant, enfin, d’être suspendue début janvier 2014, et ce au rythme des changements de présidents. Et ceci est, en fin de compte, pour dénoter d’une présence diplomatique qui reste par trop faible.
Avec le retournement de situation en Afrique, qui a vu une vingtaine de pays se doter, à partir de décembre 2019, de consulats au Sahara marocain, il y a là la preuve qu’un travail diplomatique véritable peut aider à conduire à la consolidation de la position du Maroc par rapport à la défense de son intégrité territoriale...