La Russie continue de livrer le Maroc

Face à la pénurie et à la hausse des prix des céréales à l'international

Le gouvernement avait déjà pris ses précautions en important l’équivalent de cinq mois de consommation de céréales et de blé. Malgré les assurances de la Russie, la situation sur le marché international inquiète: hausse vertigineuse des prix et pénurie d’approvisionnement.

La guerre en Ukraine continue de peser sur les marchés internationaux des matières premières et des céréales. Les prix flambent, impactés également par la décision du gouvernement indien d’arrêter les exportations de céréales et la sécheresse qui frappe de grands pays exportateurs comme la France et l’Argentine. Le Maroc, pays qui complète sa production faible par les importations, se retrouvera dans les semaines à venir face à une situation inquiétante.

Non seulement, il doit trouver une offre de quantités suffisantes mais il doit en plus payer le prix fort. Cette grosse inquiétude a été estompée à la suite du message rassurant envoyé par un diplomate russe. Le représentant commercial de l’ambassade de Russie à Rabat, Artyom Tsingamzgvrishvili, a déclaré, le 11 mai 2022, à l’agence de presse russe TASS, que le Maroc recevra les livraisons de céréales russes normalement et à temps. Il a indiqué que la Russie est consciente de l’urgence de livrer des céréales au Maroc en temps voulu, car la saison agricole a été sérieusement affectée par la sécheresse.

«La Russie continue d’accorder une grande importance au Maroc dans le contexte africain puisque le Maroc est le troisième partenaire commercial de la Fédération de Russie sur le continent africain, après l’Égypte et l’Algérie. Les livraisons de céréales de la Russie au Maroc se sont élevées à 75 millions de dollars en 2017, 103 millions en 2018, 102 millions en 2019, 94 millions en 2020 et 49 millions en 2021», a-t-il expliqué.

Baisse la production nationale
Les déclarations du diplomate russe apaisent l’angoisse qui règne depuis le mois de mars au vu de la rareté et de la pénurie d’approvisionnement en céréales en général et en blé en particulier. Le gouvernement avait déjà pris ses précautions en important l’équivalent de la consommation de cinq mois de blé, avait assuré le ministre de l’Agriculture, Mohamed Sadiki. «Le Royaume a importé, en janvier 2022, 805.000 tonnes de blé, contre 338.000 tonnes à la même période en 2021, soit plus que le double. Cette augmentation intervient suite à la mauvaise campagne agricole enregistrée au Royaume et caractérisée par de faibles précipitations, ce qui entraînera une baisse significative de la production céréalière nationale», a-t-il souligné.

La Russie et l’Ukraine sont deux parmi les grands producteurs et exportateurs de céréales. Ils accaparent, à eux seuls, 29% des exportations mondiales de blé (17% pour la Russie, 12% pour l’Ukraine). Le Royaume comptait sur leur quota pour compléter ses importations et répondre à ses besoins. Les importations marocaines de céréales et blé d’Ukraine s’élèvent à seulement 26%. Le Maroc a importé en 2021 l’équivalent de 1,2 milliard de dirhams de blé, de 113,5 millions de dirhams d’orge et de 83,5 millions de dirhams de maïs et 14,8 millions de grains de céréales (sauf du riz). De la Russie, il a importé, durant l’année écoulée, 380,6 millions de dirhams de blé.

Pour cette année 2022, le Maroc s’est déjà approvisionné en la matière. Il dispose d’un stock en céréales et blé tendre (farine) jusqu’à septembre 2022. Cela dit, les commandes d’importations s’effectuent trois mois à l’avance. Et même si la Russie respecte ses engagements en temps de guerre, cela ne suffira pas pour combler tous les besoins en céréales et en blé.

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