Diplomatie : Rome ne plie toujours pas face au forcing d'Alger

En dépit des promesses de gaz en abondance que le régime algérien lui a faites, l’Italie continue, pour autant, d’adopter une position de stricte neutralité vis-à-vis du Sahara marocain.

En recevant, le 11 avril 2022, Mario Draghi, l’Algérie pensait sans doute avoir réalisé un joli coup: celui d’envoyer directement un message à l’Espagne, qui considère désormais l’initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend autour de la région du Sahara, comme quoi Madrid n’avait qu’à montrer patte blanche et, concrètement, faire machine arrière pour continuer à bénéficier du gaz algérien à un prix défiant toute concurrence, étant donné que c’était là le principal motif de la visite du président du conseil italien dans la voisine de l’Est.

Et sans doute que la voisine de l’Est escomptait, en même temps, rallier la Botte à sa croisade à l’encontre du Maroc et de son intégrité territoriale, en lui arrachant un soutien même à demi-mot à la séparation du Sahara marocain. Mais c’était compter sans l’entretien téléphonique que seulement quatre jours après le déplacement de M. Draghi le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, allait avoir avec son homologue italien, Luigi di Maio.

Un partenaire stratégique
Le ministère des Affaires étrangères, qui a révélé l’information par le biais d’un communiqué publié dans la foulée, n’a pas précisé si l’échange avait eu lieu à l’initiative de la partie marocaine ou bien de celle italienne, mais quoi qu’il en soit ce qui en est ressorti a sans doute dû refroidir l’Algérie, et pour cause: M. di Maio a clairement fait savoir à M. Bourita que son pays considère que “le Maroc est un partenaire stratégique pour l’Italie et un interlocuteur clé sur les dossiers régionaux, à commencer par la Libye”, dont le Royaume avait accueilli, à la mi-décembre 2015, la signature des accords de paix afférents, à savoir ceux de Skhirat. “Nous nous engageons à renforcer la coopération dans tous les domaines,” a également, selon la même source, déclaré le chef de la diplomatie italienne.

C’est, en vérité, l’Italie qui semble le plus avoir gagné dans le voyage de M. Draghi en Algérie, dans la mesure où elle pourra désormais compter une source d’approvisionnement supplémentaire en gaz, elle qui est par ailleurs en négociation avancée avec l’Égypte mais aussi l’Angola, le Congo et le Mozambique afin de pouvoir remplacer le gaz made in Russie, son principal fournisseur jusqu’au début de l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022.

Rome est, de toute façon, coutumière de ce double jeu: début novembre 2021, elle avait dépêché le président italien, Sergio Mattarella, qui, dans les faits, n’a qu’une fonction symbolique pour notamment afficher une position qui “tien[t] dûment compte des droits du” soi-disant “peuple sahraoui”, avant que quelques jours plus tard M. di Maio, déjà lui, ne vienne rectifier le tir et saluer les efforts “sérieux et crédibles” du Maroc à cet égard. Il faudra sans doute que le régime algérien se fasse beaucoup plus créatif s’il espère isoler le Royaume vis-à-vis de l’Europe et de ses partenaire sur le Vieux Continent.

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