Rita El Khayat : "J’ai constaté que nos traditions et coutumes sont en train de disparaitre sans qu’elles soient répertoriées"

Interview de Rita El Khayat, psychiatre, anthropologue et écrivaine.

La préservation et la conservation des traditions et coutumes de toutes les régions du Royaume en vue d’en faire une civilisation marocaine à part est l’objectif qui a présidé à la rédaction de «Le Maroc des traditions et des coutumes», nouvel ouvrage de Rita El Khayat.

D’où vous est venue l’idée de rédiger cet ouvrage?
J’ai rédigé «Le Maroc des traditions et des coutumes» pour que toutes les coutumes marocaines de toutes les régions, avec leurs spécificités, leurs originalités, leurs beautés, ne se perdent pas. Parce ce que j’ai constaté que nos traditions et nos coutumes sont en train de disparaitre sans qu’elles soient répertoriées, classifiées, décrites et enregistrées.

Est-ce un récit de sociologie, de psychologie, d’anthropologie...?
C’est un travail d’anthropologie, c’est à dire une science qui consiste à s’intéresser à tout ce qui est humain et dans ce contexte, c’est prendre les cultures marocaines, aussi diverses soient-elles, les cultures régionales, les cultures citadines, les cultures rurales, les cultures montagnardes et d’en faire une civilisation marocaine spécifique. Le Maroc est un pays très traditionnel et c’est un pays qui frappe par le fait que les traditions sont conservées au fil du temps. Malheureusement, certaines sont en train de changer d’une certaine manière et donc, il fallait parler de ce qui était ancien pour garder ce visage particulier extrêmement fort et important des traditions marocaines.

Entre modernité et traditions, où se situe la société marocaine actuellement?
Elle est en train de virer vers une modernité non-contrôlée. En fait, je pense que les générations anciennes ne font pas l’effort de préserver et de transmettre parce que la tradition, elle, se transmet d’une génération à une autre. Malheureusement, la transmission n’est pas bonne parce qu’il y a beaucoup de déplacement de personnes à l’intérieur du pays et parce qu’il y a une espèce d’avidité pour la modernité, pour le show-off, pour des choses importées. En vérité, tout cela ne nous correspond pas et nous n’arrivons pas nous à créer notre propre modernité, une modernité marocaine, nationale.

Selon vous, qu’est-ce qui pourrait attirer particulièrement les lecteurs dans votre ouvrage?
D’abord il est très beau, il est en couleur. Il y a une illustration qui fait que le livre est humain. Quand on l’ouvre, on peut lire cette partie et puis l’abandonner et lire une autre partie, par exemple un jour la cuisine, un jour la flore c’est à dire les arbres, les fleurs, les roses. Et un autre jour, on va s’intéresser à la fauconnerie, ou au cheval et à la fantasia. C’est dire que le livre a essayé de comprendre absolument tout, même si c’est court, pour que chaque chose soit répertoriée et ait sa place à l’intérieur de cette extraordinaire culture qu’est la culture nationale.

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