Ghita Mezzour, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme administrative.
Après plusieurs mois de gestation, la stratégie digitale du gouvernement Aziz Akhannouch est enfin prête. Présentée par la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme administrative, Ghita Mezzour, ce mercredi 25 septembre 2024 au Sofitel Rabat Jardin des Roses, la “Digital Morocco 2030”, comme on l’a appelée, affiche l’ambition claire de la part de l’Exécutif de faire du Maroc une nation digitale, et au passage même une “start-up nation” si l’on se fie aux objectifs qui ont été égrenés.
Ainsi, il est évident que le Royaume, eu égard à ses potentialités, reste à la traîne par rapport à son environnement immédiat, où les success stories ne manquent désormais plus. En relation, à titre d’exemple, avec les services publics en ligne, ou ce que l’on désigne aussi couramment, par les temps qui courent, par le vocable de e-gouvernement, il se place à peine 90ème mondial dans le classement 2024 de l’E-Government Development Index (EGDI), soit seulement neuvième dans le monde arabe et quatrième en Afrique. Il y a donc bien, décidément, matière à enregistrer des progrès, et c’est justement ce que la “Digital Morocco 2030”, pour y revenir, s’assigne comme finalité. Par quel moyen? On peut relever, en gros, deux grands axes ayant, d’évidence, sous-tendu la réflexion de la tutelle (qui, on le sait, a aussi bénéficié de l’appui du cabinet Boston Consulting Group (BCG) pour fignoler sa mouture finale).
Administration et start-ups
Premier axe, c’est celui de l’administration, auquel nous avons déjà fait référence plus haut en revoyant au classement EGDI: ce qui est concrètement proposé, c’est de mettre en place une sorte de parcours usager plus simplifié et plus digitalisé à destination du citoyen. Différentes applications et plateformes technologiques sont notamment prévues à cet égard, à l’instar du portail unique de l’administration en ligne, de services de confiance, etc. Le tout en apportant un appui à la fois technique et financier aux parcours usagers qui sont considérés comme prioritaires (ce que permettront, à ce niveau, de déterminer les enquêtes de satisfaction qui seront régulièrement conduites), et en mettant à contribution l’ensemble des départements ministériels qui, dans ce sens, devront apporter leurs projets de digitalisation au ministère de la Transition numérique et de la Réforme administrative ainsi que, par ailleurs, l’Agence de développement digital (ADD), également appelée à être fortement sollicitée.
Ensuite, deuxième grand axe de la “Digital Morocco 2030”: les start-ups. Le rêve de Ghita Mezzour? Que d’ici 2030 puissent émerger une à deux licornes, qui sont en fait les start-ups valorisées à plus d’un milliard de dollars. Programme pas des moindres qui passera, selon la méthodologie proposée, par une multiplication du nombre de start-up, censé se décupler au fur et à mesure (il est, à l’heure actuelle, de seulement 380 start-ups). À cette fin, le gouvernement prévoit de mettre en œuvre différentes mesures qui visent aussi bien à faire bénéficier les start-ups d’un financement et d’incitations, d’un accompagnement et d’un accès au marché (on espère qu’en 2030 les start-ups seront en mesure de lever 7 milliards de DH (MMDH) par an, contre pas plus que 260 millions de DH (MDH) en 2023). L’intérêt pour le Maroc est, à ce titre, indéniable: que l’économie digitale commence à constituer un véritable levier de développement.
Sur un plan plus concret, cela donne un passage de 17,9 à 40 MMDH en termes de revenus à l’export, et de 140.000 à 270.000 en termes d’emplois. Le Maroc a, en tout cas, plus que jamais intérêt à se retrousser les manches.