Ça va gazer dans les campagnes
AGRICULTURE. Grâce à un procédé innovant de gestion des déchets, Biodôme du Maroc donne accès aux agriculteurs à de l’énergie et à des fertilisants à profusion.
Dans la province de Khouribga, il est commun de trouver, en vaguant à travers la campagne, des bonbonnes de gaz disséminées ici et là. Les agriculteurs les utilisent pour produire de l’énergie, souvent à prix coûteux: pour faire fonctionner un moteur de pompage d’eau par exemple, il faut compter une dizaine de bonbonnes par mois. Sortez vos calculettes: cela fait 400 dirhams à décaisser, sachant que le revenu moyen de familles entières vole à peine plus haut. Une fortune, en somme. “Pour de nombreux agriculteurs, c’est insoutenable”, nous explique Mme Fatima Zahra Beraich.
Native de la ville de Khémisset mais Khouribguie d’adoption, Mme Beraich est la gérante de Biodôme du Maroc. Fondée en 2013 à l’Université Hassan-Ier de la ville de Settat où l’intéressée poursuivait alors un doctorat en génie des matériaux, cette start-up a contribué à faire accéder bon nombre d’agriculteurs à travers le Maroc à une énergie qui soit en même temps à prix accessible et propre.
Concrètement, il s’agit d’installer sous terre des enceintes en béton appelées des digesteurs où sont au fur et à mesure déposées toutes sortes de déchets organiques qui au bout de deux semaines vont commencer, grâce à un accélérateur biologique développé par Biodôme du Maroc, à produire un gaz entièrement bio, en l’occurrence du méthane, susceptible de remplacer les classiques bonbonnes.
D’une pierre deux coups
Plus, les déchets vont donner lieu à du compost, qui peut servir à la fertilisation des champs. Par là même, les agriculteurs font d’une pierre deux coups. “C’est pendant la réalisation de mon doctorat que j’ai pour la première fois eu l’idée de travailler sur ce qu’on appelle les procédés de valorisation énergétique, raconte Mme Beraich. J’étais parti du constat suivant: au Maroc, nous avons beaucoup de déchets organiques et, malheureusement, ces déchets ne sont pas toujours utilisés à bon escient, sachant que nous avons les conditions pour en tirer le maximum d’énergie vu que nous sommes un pays au climat généralement chaud et que nous manquons d’eau.”
Biodôme du Maroc représentait, le jeudi 30 et vendredi 31 mars 2017 dans la capitale de la Tunisie, Tunis, le Maroc au concours international d’entrepreneuriat “Entrepreneurship 5+5”, où prennent part des startups basées dans des universités des deux rives de l’ouest de la mer Méditerranée. Elle a de peu raté le premier prix: seulement 0,5 points de différence avec le gagnant, Ingenium, qui est un groupe de recherche de l’Université espagnole de Castille-La Manche.
Mme Beraich n’est pas moins satisfaite du résultat. “Nous aurions bien sûr aimé décrocher le concours, mais quand je vois que nous n’étions qu’à un cheveu de gagner, je considère que c’est déjà une grande victoire”, se félicite M. Beraich. L’Agence marocaine d’énergie solaire “Masen” suivrait de près Biodôme du Maroc. Elle avait déjà, par le passé, contribué au financement du premier digesteur de la start-up