De Casablanca, le coeur vibrant du Maroc, aux rives prestigieuses du Lac Léman, notre périple vers le Salon de l’automobile de Genève était teinté d’une curiosité insatiable et d’une légère appréhension. Après des années d’éclat et de démesure, le Salon de Genève promettait une édition de renouveau, du 26 février 2024 au 3 mars 2024, un phénix qui renaît de ses cendres après une série d’annulations et une échappée lointaine au Qatar. Pourtant, au coeur de Palexpo, c’était plutôt un salon en quête d’identité, qui cherche à naviguer entre le glorieux passé et un futur incertain.
Avec une fréquentation notablement réduite par rapport aux années précédentes, où le chiffre des 600 000 visiteurs avait été autrefois atteint, ce grand retour à Genève n’a rassemblé que 168 000 âmes, loin des espérances. Toutefois, entre les allées de Palexpo, le spectacle était certes au rendez-vous, avec 37 exposants qui dévoilent leurs dernières innovations à travers 157 véhicules et 23 premières mondiales ou européennes.
Géants de l’automobile
Les allées du salon bourdonnent d’une énergie contagieuse, ponctuées de conversations animées dans une multitude de langues. Les éclats de rire, les exclamations admiratives et le crépitement des appareils photo se mêlent aux présentations dynamiques des exposants. Les visiteurs, qu’ils soient familles curieuses, professionnels aguerris ou passionnés de longue date, partagent un même émerveillement devant l’innovation et la beauté incarnées par chaque modèle exposé.
Les stands, véritables vitrines de la créativité et du savoir-faire des constructeurs, sont conçus pour immerger le public dans des univers uniques. Des écrans géants diffusent des vidéos captivantes, tandis que des éclairages soigneusement agencés mettent en valeur les lignes et les détails des véhicules, des plus classiques aux plus futuristes. Les concept cars, avec leurs formes audacieuses et leurs technologies de pointe, attirent particulièrement les regards, offrant un aperçu fascinant de ce que pourrait être la mobilité de demain. Mais l’absence palpable des géants de l’industrie, notamment les allemands, ces noms qui ont écrit l’histoire du salon, laissait un goût amer de ce qui aurait pu être. En effet, , le constat est frappant : une majorité des géants de l’automobile a choisi de ne pas participer à cette édition, laissant un vide notable sur le plancher d’exposition.
Des noms emblématiques tels que Stellantis, le groupe Volkswagen, Ford, le groupe Toyota, Kia-Hyundai, ainsi que d’autres marques de renom comme Audi, BMW, Citroën, et Mercedes, pour n’en citer que quelques-uns, ont été absents. Cette absence en masse a ouvert la voie à une présence marquée de constructeurs chinois, tels que BYD et MG Motor, ainsi qu’à des marques européennes telles que Dacia et Renault, ce qui souligne un changement notable dans le paysage traditionnel du salon. Cette situation, selon de nombreux experts, a non seulement illustré le dynamisme et l’ambition des acteurs chinois sur le marché global, mais a également posé des questions sur l’évolution future des grands salons automobiles et l’intérêt qu’ils représentent pour les marques historiques de l’industrie.
Toutefois, les organisateurs ont déployé un éventail impressionnant d’innovations et de merveilles historiques, pour compenser l’absence de ces grands noms mais aussi pour capturer l’essence de la passion automobile à travers plusieurs zones thématiques fascinantes. A titre d’exemple, la Zone Adrénaline a fait battre le coeur des passionnés de vitesse avec une collection éblouissante de supercars, hypercars et voitures de course.
Des stands différents
Des légendes de la piste telles que la Toyota Gazoo Racing TS050 Hybrid de Sebastien Buemi et la Rebellion Racing R13 ont été mises à l’honneur afin d’illustrer la richesse du patrimoine sportif suisse. L’Avenue des Supercars a quant à elle retracé l’évolution de ces machines d’exception depuis les années 1980, avec des joyaux comme la Porsche 959 et la Ferrari F40, jusqu’aux icônes modernes comme la Ferrari 296 GT3.Le Hall 4 a abrité le District Design, une ode à l’art et à l’artisanat du design automobile.
Les visiteurs ont pu plonger dans l’univers créatif de Pininfarina, une entreprise familiale italienne de stylisme spécialisée en carrosserie automobile, explorer le processus derrière les lignes emblématiques des voitures de rêve, et même participer à des masterclasses qui dévoilent les secrets du design automobile. D’autre part, le laboratoire de Mobilité a présenté les avancées les plus récentes en matière de solutions de mobilité durable et de technologies innovantes. Des entités comme la FIA, MICROLINO et MOTOSACOCHE ont exposé leurs dernières innovations, offrant un aperçu de ce que pourrait être la conduite de demain, marquée par l’électrification et la connectivité.
Toutefois, le grand public semblait trop impressionné par la galerie des Classiques – “100 Ans d’Icones”. Cette exposition a proposé un voyage à travers le temps, présentant des véhicules qui ont marqué l’histoire de l’automobile. De la Ford Model T à la Citroën 2 CV, en passant par la Fiat 500 Nuova et la mythique Austin Mini, la galerie a célébré les modèles qui ont défini des époques et influencé des générations de constructeurs et de conducteurs. Le Salon de l’Automobile de Genève se révèle ainsi une célébration de tout ce que l’automobile a été, est, et promet d’être, malgré toutes les crises, capturant l’essence même de la mobilité dans toute sa diversité et son ingéniosité.