Samir Goudar: "Le report de la rentrée scolaire est une décision irréfléchie"

Entretien avec Samir Goudar, membre du bureau politique du PAM et acteur associatif

Pour Samir Goudar, le gouvernement El Othmani a habitué les Marocains aux décisions hâtives. Mais celle du report de la rentrée scolaire dépasse tout ce que l’on peut imaginer.

Lundi 6 septembre, le gouvernement a décidé de reporter la rentrée scolaire au 1er octobre. Comment réagissez- vous?
Comme la majorité des Marocains et l’ensemble des parents d’élèves, je suis étonné qu’une telle décision aux conséquences aussi graves soit prise de la sorte. C’est une décision irréfléchie alors qu’un premier report avait été décidé vendredi dernier. Les parents d’élèves et leurs enfants se retrouvent devant le fait accompli. C’est inacceptable. Il y a beaucoup de points d’interrogation que l’on se pose en tant que parents et en tant qu’acteurs politiques par rapport à cette décision.

La première est pourquoi le ministère a pris une mesure pareille sans consulter les parties prenantes comme s’il n’y a aucune autre alternative. D’ailleurs pourquoi ne pas avoir décidé d’une rentrée scolaire en distanciel ou hybride jusqu’au 1er octobre 2021? Le plus grave, c’est qu’aucune explication n’est réellement donnée.

Le gouvernement parle de report pour réunir les conditions sanitaires idéales avec la vaccination des élèves...
D’abord, pourquoi le gouvernement n’a pas démarré la campagne de vaccination des 12/17 ans plus tôt? Ensuite, rien n’empêche la rentrée scolaire et la poursuite de la campagne de vaccination des élèves dans la mesure où les établissements scolaires sont appelés à avoir des classes ne dépassant pas les 20 élèves, assurant ainsi la distanciation exigée. Ensuite, et c’est cela le plus grave, c’est que les enfants du primaire ne sont pas concernés par la vaccination.

Pourquoi alors les priver de scolarisation un mois durant? C’est au sein de l’école que les enfants portent les masques et respectent les mesures barrières. Doit-on rappeler au gouvernement et au ministre de tutelle que la clé de la réussite du système d’éducation est l’enseignement primaire? Quel avenir sommes-nous en train de préparer à ces enfants de 6 à 12 ans en les privant de l’apprentissage de l’écriture et de la lecture? Or, cette tranche d’âge n’est pas concernée par le vaccin.

Que faire alors face à cette situation?
Comme je vous l’ai dit, avec une telle décision, on est tous devant le fait accompli. Or, à 24 heures des élections, le gouvernement se permet de prendre une mesure aussi grave pour l’avenir du pays.

Certes, le gouvernement nous a habitués à prendre des décisions à la dernière minute, voire dans le temps mort, comme disent les amateurs de football. Mais celle-ci est à coup sûr la cerise sur le gâteau. Puisqu’il s’agit de l’éducation des enfants et donc de l’avenir du pays, toute décision doit être murement réfléchie.

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