En ces temps où toutes les économies, y compris la nôtre, souffrent du ralentissement provoqué par une crise sanitaire qui ne semble pas pouvoir se dissiper, renouer avec la croissance s’impose plus que jamais, ne serait-ce que pour faire face à un endettement sans précédent. Sans parler du creusement du déficit budgétaire, de l’augmentation du taux de chômage et du creusement des inégalités sociales…
Ce que nous vivons aujourd’hui n’est pas une décroissance mais une récession. Une sorte de croissance sans croissance. Tout l’enjeu de la période post-covid est de repenser notre modèle de développement pour l’adapter non seulement aux problèmes environnementaux que pose, notamment, la croissance quantitative du Produit Intérieur Brut (PIB), mais aussi pour faire face aux problèmes sociaux qui privent une majorité de la population de la joie de vivre. De toute façon, nous vivons depuis déjà plusieurs années avec une faible croissance. Il faut d’urgence préparer la suite.
A commencer par la politique de relance proposée par le gouvernement. Politique qui s’inscrit dans un mouvement international beaucoup plus large qui tranche avec les pratiques du passé lesquelles prônaient un retrait de l’Etat comme le problème et non pas la solution. Aujourd’hui plus qu’hier on appelle l’Etat à assumer son rôle pour promouvoir la souveraineté économique.
Le Royaume s’inscrit dans cette démarche de manière plus stratégique ou il faut mettre en perspective les actions lancées dans le cadre de la relance avec le chantier du nouveau modèle de développement. Toutefois, plusieurs observateurs avisés, pensent que le plan de relance peut être entravé par un problème de soutenabilité budgétaire. C’est que la crise liée au covid est passée par là. Une crise dont les impacts sont protéiformes et se lisent dans tous les indicateurs: production, investissement, commerce extérieur, emploi, chomage, finances publiques, pouvoir d’achat…
On ne les connait pas encore, main nul doute que les chiffres de la pauvreté et des inégalités vont se détériorer, ceux qui ont trinqué n’étant pas ceux qui ont épargné faute de pouvoir autant consommer que d’habitude. Par où commencer, alors, pour renouer avec la croissance: la relance de la consommation ou celle de l’investissement? Une relance pour faire plus préserver les intérêts du monde d’avant ou pour jeter les pierres d‘une société plus solidaire et écologiquement soutenable? Surtout, ce n’est pas d’un investissement sur un ou deux ans qui permettra de construire une économie plus riche en emplois de demain.
Pour décrocher les dividendes économiques, sociaux, sanitaires d’une économie post-covid, c’est d’un investissement constant sur la longue durée dont le Maroc a besoin, y compris en moyens publics pour accompagner les efforts à demander aux acteurs privés. Acteurs privés que l’Etat doit aider. Car, on a tendance à faire de Keynes le défenseur de l’intervention de l’Etat. Mais le personnage principal de ses analyses reste, avant tout, le chef d’entreprise et sa capacité à agir dans une situation d’incertitude radicale face à l’avenir comme c’est d’autant plus le cas aujourd’hui.