LA CONSTITUTION MAROCAINE DE 2011 CONSACRE LES DROITS DE L’HOMME TELS QUE RECONNUS UNIVERSELLEMENT.
Lors des questions abordées le 29 mars, dans le cadre de la communication gouvernementale, avec le ministre de la Justice par le Matin, la question des droits de l’homme lui a été posée eu égard au dernier rapport, sévèrement critique du Département d’État US sur les droits de l’homme au Maroc. En bon politicien qui sait contourner les questions qui fâchent, le ministre a « vivement critiqué la partie réservée au Maroc, jugeant que le document était peu objectif ». Il a indiqué que « les rédacteurs de ce rapport évaluaient la pratique des droits de l’homme en partant de leurs convictions et leur culture qui ne sont pas identiques à celles des Marocains ».
Les rédacteurs en question sont les agents du « Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor». Sa mission consiste à défendre les valeurs universelles - auxquelles le Maroc a adhéré - tels que le respect de l’État de droit, des institutions démocratiques et la considération des droits de l’homme relatés dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Ce bureau dépend du Département d’État dont la mission est de « Protéger et promouvoir la sécurité, la prospérité et les valeurs démocratiques des États-Unis et façonner (au Maroc entre autres), un environnement international dans lequel tous les Américains peuvent prospérer. » J’ai cherché quel était le document de droit sur lequel le Ministre s’est appuyé pour botter en touche. À part une charia rigoriste, à ma connaissance, il n’en existe aucun.
Par contre, la constitution marocaine de 2011 consacre les droits de l’homme tels que reconnus universellement et stipule la protection de ces droits, en prenant en considération leur universalité et leur indivisibilité. Ceci dit, le ministre de la justice est cohérent avec son système : Les prisons vus du coté Suède, axés sur la réhabilitation, ne sont pas ses prisons surpeuplés à 250% où l’on pratique le mélange des genres. C’est vrai aussi que dans la culture actuelle de la justice, garder un prévenu en détention provisoire pendant 2 ans avant d’être traduit en jugement ou condamner à deux petites années de prison une bande de violeurs d’une fillette de 11 ans, ne posent pas d’embarras local au droit car tout est relativisé et érodé par notre culture. Un relativisme des droits généralement justifié par un sous-effectif structurel de compétences et par l’atténuation des circonstances d’un viol. Est-ce à dire que la culture locale pensée par notre ministre et ses congénères prime sur les textes constitutionnels ? Est –ce à dire que les orientations royales relatives aux droits de l’homme énoncées en novembre 2014 n’ont, à ce jour, pas été écoutées ?
Depuis la conférence mondiale des droits universels de l’homme de vienne en 1993, Washington menace le monde de contrer toute tentative de traditions religieuses ou culturelles d’affaiblissement du concept des « droits de l’homme ». Le gouvernement Clinton avait même rejeté en bloc toutes les exceptions réclamées par les tenants du relativisme culturel comme notre ministre. Ceci dit, le constat des dernières décennies relatif aux engagements envers les droits de l’homme aux États-Unis et en Europe met en exergue leur géométrie variable. Une variabilité exprimée par Noame Chomsky dans « The umbrella of US power » comme suit : « Quand ils peuvent servir quelques intérêts, les droits de l’homme deviennent des idéaux essentiels ; sinon, et il est futile de s’en étonné, c’est le pragmatisme qui prévaut ». Moralité, Les États n’ont pas de morale et leurs belles paroles ne sont que des armes camouflées.