Réforme de l'enseignement : Le parcours chaotique de l’élève marocain


De la première année primaire jusqu’au bac, l’élève marocain est assommé par un système éducatif ambivalent et peu efficace. L’existence de deux parcours, l’un francisant et l’autre arabisant, au sein du collège provoque une exclusion d’une partie importante d’élèves.

A son arrivée au ministère de l’éducation nationale, Chakib Benmoussa semble investi d’une mission : redorer le blason de l’école publique. Ternie par la mauvaise qualité de l’enseignement et le niveau scolaire des élèves, qui ne cesse de se détériorer, l’ancien ambassadeur du Royaume à Paris veut imprimer sa marque en adoptant une nouvelle feuille de route qui s’étale de 2022 à 2026. Objectifs visés : rendre obligatoire la scolarité, réduire le taux de déperdition scolaire et améliorer la qualité des apprentissages.

Le triptyque élève, enseignant et établissement scolaire est, ainsi, placé au centre de cette nouvelle stratégie pour une meilleure efficacité de la formation. Or l’élève, tout au long de ces vingt dernières années, se pose comme le maillon faible de ce système. Alors que la langue française n’était introduite qu’à la troisième année du cycle primaire, dans l’ancien système éducatif prônant l’arabisation, elle est devenue accessible à partir de la première année primaire grâce à une réforme lancée en 2017 par l’ancien ministre technocrate, Mohamed Hassad. `

Maillon faible
Tout au long du primaire, l’enfant s’initie aux fondamentaux de l’arabe et du français ainsi qu’aux premières bases des mathématiques. A la 6ème année primaire, l’élève passe un examen régional sanctionné par un passage vers le collège. Deux parcours s’offre au nouveau collégien : un parcours international où la langue française est omniprésente avec son usage pour l’apprentissage des matières scientifiques (maths, sciences naturelles et physique-chimie) et un parcours général où ces matières sont enseignées en arabe. Un système ambivalent qui crée deux populations d’élèves aux compétences totalement différentes.

Alors que les matières scientifiques sont enseignées en français dans l’université, on imagine le parcours chaotique réservé à ces collégiens arabisants qui se retrouveraient à la marge de l’université car ne maitrisant pas le français. Leur marginalisation provoquerait alors leur exclusion du système de l’enseignement supérieur que ce soit au Maroc ou à l’international. Ce qui va certainement détruire leur avenir académique. Comme pour le collège, l’accès au lycée s’effectue à travers un examen régional sanctionné par un brevet.

Au lycée, plusieurs orientations sont proposées : une branche littéraire, une branche scientifique avec les sousbranches (sciences expérimentales et sciences maths) et une branche économique à partir de la deuxième année. Les notes obtenues dans l’examen régional et dans le contrôle continu permettent de déterminer quelle est la banche la plus adaptée à l’élève.

Si ce dernier choisit librement son orientation, l’attribution de celleci dépend, en réalité, de ses notes. Or, les éducateurs ne font aucun effort pour aider l’élève à mieux choisir son orientation en fonction de ses capacités intellectuelles et ses envies pour le futur. Un mauvais choix au niveau de l’orientation pourrait avoir des conséquences graves sur son avenir académique et professionnel.

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