Reconnaissance de la marocanité du Sahara par la Colombie

UNE PERCÉE DE HAUT VOL

Le Maroc n’a rien moins qu’arraché le soutien de la quatrième puissance économique d’Amérique latine à son intégrité territoriale. Une nouvelle victoire diplomatique dont il faut bien se féliciter en tant que telle.

Il faut vraiment connaître le poids de la Colombie pour mesurer l’impact de sa reconnaissance de la marocanité du Sahara. Quatrième puissance économique d’Amérique latine, où il jouit par conséquent d’une influence non négligeable, le pays est une bien jolie corde que le Maroc vient d’ajouter à l’arc de sa lutte pour faire valoir ses droits sur ses provinces du Sud à l’international.

Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, pouvait donc bien bomber le torse ce jeudi 28 octobre 2021 après que la vice-présidente et ministre des Relations extérieures colombienne, Marta Lucia Ramirez, l’ait informé des instructions ayant été données à l’ambassade de son pays d’étendre sa juridiction consulaire à ces provinces.

Cette dernière a, dans le même sens, mis en exergue “l’importance de l’initiative marocaine” pour la négociation d’un statut d’autonomie au Sahara, “en vue de parvenir à une solution politique, réaliste, durable et basée sur le compromis de toutes les parties, en vue de mettre fin à cette question, qui est vitale pour le Maroc, dans le cadre de sa souveraineté et de son intégrité territoriale”.

Ce qui constitue une déclaration sans équivoque, pour le moins. Cette victoire diplomatique, puisqu’il ne faut pas manquer de la qualifier en tant que telle, vient surtout contrebalancer l’échec enregistré au mois de septembre 2021 au Pérou et en Bolivie, qui coup sur coup avaient rétabli leur reconnaissance de la soi-disant “République arabe sahraouie démocratique” (RASD), au nom de laquelle le mouvement séparatiste du Front Polisario revendique la partie du Sahara marocain anciennement colonisée par l’Espagne.

Bouleverser la donne
Pour autant, il ne faut pas la considérer comme un acquis éternel: si, certes, la Colombie avait dès décembre 2000 choisi de rallier le camp de la raison, en gelant sa reconnaissance de cette même “RASD” une quinzaine d’année après l’avoir reconnue -en février 1985-, il n’en reste pas moins qu’un changement de président peut, à tout moment, bouleverser la donne. Ce qu’illustre d’ailleurs les cas péruvien et bolivien ou, encore, avant eux, ceux du Nicaragua et de Panama, respectivement revenus en janvier 2007 et janvier 2016 sur le gel et la suspension de leurs reconnaissances.

Mais il faut tout de même saluer le très bon travail de terrain mené depuis sa nomination en novembre 2017 par le roi Mohammed VI par l’ambassadrice du Maroc à Bogota, Farida Loudaya, que le sénat colombien avait notamment décorée de la médaille de l’Ordre du mérite démocratique en juin 2018. Celle-ci a bien su confirmer, au cours des quelque quatre dernières années, les qualités qui déjà, dans la première moitié des années 2000, lui avaient permis de se distinguer à la tête de la direction des affaires américaines et d’en faire une des étoiles du réseau diplomatique marocain dans le monde.

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