LE RAMED EST MORT, VIVE LE NÉANT !

EN ATTENDANT L’AMO, SANS RAMED, DES MÉNAGES SANS COUVERTURE

Il y aura une période creuse durant laquelle de nombreuses familles se retrouveront sans Ramed et sans AMO. M. Benchâaboun est appelé à tirer au clair cette zone d’ombre.

Après le discours royal du 29 juillet 2020 célébrant le 21ème anniversaire de l’accession du Roi Mohammed VI au trône, instituant le grand chantier de la généralisation de la couverture sociale sur 5 ans, le ministre des Finances, Mohamed Benchâaboun, a pris le dossier en main et a défrayé la chronique en annonçant la disparition du Ramed.

Le déploiement de cette réforme se fera de manière progressive, avait promis Benchâaboun en conférence de presse début août, chose qu’il a réitérée le 11 août 2020 devant la commission de la Chambre des représentants. A compter de 2021, sur une période de 5 ans, il a expliqué que la première phase s’étendra de 2021 à 2023 et sera marquée par le déploiement de l’AMO et des allocutions familiales. Quant à la seconde phase, (2024-2025, elle portera sur la généralisation de la retraite et l’indemnisation pour perte d’emploi.

Fraude et laxisme
Le Ramed, appelé à disparaître, permettra une plus grande généralisation de l’AMO, qui ne couvre actuellement qu’un tiers des Marocains. Par quels secteurs démarrer? Quelles professions intégrer en priorité? Aucun scénario n’est arrêté pour l’heure. Mais là où le bât blesse, c’est que M. Benchâaboun a lancé une information qui a l’effet d’une bombe sans donner de précisions ou de détails. A titre d’exemple, quand va-t-on en finir avec le Ramed? Est-il toujours valide après l’annonce du ministre? Quel sera le sort de plus de 6 millions de Marocains qui en disposaient et dont une grande majorité sont vraiment dans le besoin et n’ont pas de revenus réguliers?

Au Maroc, l’expérience a démontré que la généralisation de la couverture sociale a été freinée par deux postulats: la fraude de certaines entreprises et le laxisme des autorités de contrôle. Il en résulte que des centaines de milliers d’employés réguliers ne sont pas déclarés et ne bénéficient donc pas de l’AMO (Assurance maladie obligatoire). Ils viennent se greffer à une catégorie de citoyens qui vivent de l’informel sous toutes ses formes. La question qui s’impose: Va-t-on inclure dans cette opération ces deux catégories?

La première phase, qui s’étendra de 2021 à 2023, marquée par le déploiement de l’AMO et des allocutions familiales, est longue. Il y aura une période creuse durant laquelle de nombreuses familles se retrouveront sans Ramed et sans AMO. Elles devront attendre leur tour. Elles n’auront, en attendant, aucune couverture sociale. Le Ramed est mort, vive le néant! Dans ce cas de figure, cela n’a pas été calculé par le ministre des Finances. Le cas échéant, M. Benchâaboun est appelé à tirer au clair cette zone d’ombre.

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