RAMADAN, LE MOIS DE TOUS LES EXCÈS

LE RELÂCHEMENT DES CITOYENS DE PLUS EN PLUS VISIBLE

Mais que se passe-t-il vraiment? Le relâchement d’une large partie de la population est-il voulu? Toléré? Explicitement autorisé? Ou bien les forces de l’ordre sont-elles dépassées par un laisser-aller insouciant et inconscient d’une grande frange de nos concitoyens?

Personne n’en croit ses yeux. Tout le monde en parle. Et tout le monde en est témoin. Des piétons et des mendiants, par milliers, déambulent tranquillement dans les rues de Casablanca. Les embouteillages, que la mémoire collective a failli oublier, ont repris de plus belle dans les artères et grands boulevards de la capitale économique, pour ne citer que cette mégalopole. Pire, des marchands ambulants, des taxis-colis et des triporteurs transportant des légumes et fruits, sillonnent la ville et squattent même des angles de rues pour y écouler, à longueur de journée, leurs marchandises.

Les magasins sont nombreux à rouvrir leurs portes. Quelques usines ont repris leur activité. Les petits rassemblements des coins des rues où deux ou trois personnes voire plus échangent, le masque ou la bavette sur la nuque, pullulent. Mais que se passe-t-il vraiment? Ce relâchement est-il voulu? Toléré? Explicitement autorisé? Ou bien les forces de l’ordre et la police en particulier sont-elles dépassées par un laisser-aller insouciant et inconscient d’une grande frange de nos concitoyens?

Risque de renversement
Autant d’interrogations qui rongent les âmes bien disciplinées, impatientes de voir arriver le déconfinement après un long séjour forcé chez soi. S’agit-il donc d’un déconfinement avant l’heure? En tout cas, si ce constat est indéniable, rien d’officiel qui parle d’un début de déconfinement. Pourquoi alors ce relâchement à outrance? Certains avancent que ce relâchement est justifié par des raisons pécuniaires, financières ou matérielles.

Les Marocains consomment plus en ces temps de confinement. L’oisiveté, le manque de loisirs et l’anxiété sont compensés par la surconsommation. De ce fait, tous les chefs de ménage font face, bon gré mal gré, à une augmentation sensible des dépenses alors que les rentrées d’argent (salaire, aide…) sont figées. Ils sont obligés de sortir bricoler ou travailler même avec des rémunérations réduites.

Mais cela va aux antipodes de la stratégie du Comité de veille économique, qui a fourni des efforts conséquents pour limiter, autant que possible, la violation du confinement par nécessité, et de la raison d’être du Fonds spécial pour la gestion de la pandémie Covid-19, où plus de 30 milliards de dirhams ont été injectés.

Le risque augmente. Le risque d’un renversement brutal de la situation encore plus. Tout peut changer d’un moment à l’autre. Il est inconcevable que des personnes disciplinées et engagées payent le prix de la nonchalance d’une catégorie qui a toujours besoin qu’un policier la traque pour qu’elle respecte les consignes de confinement. La stratégie dissuasive de la police n’est pas (plus) suffisante.

Les quelques rondes, les quelques points de contrôle et les fourgonnettes stationnant au niveau des grands boulevards ne forcent pas les gens à respecter les mesures de précaution et de confinement et à limiter leurs déplacements inutiles. Il est temps d’agir. Autrement, s’il s’agit d’un déconfinement progressif, faites-nous le savoir.

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