Rahal Boubrik, réalisateur du documentaire "Écouvillon. Sahara 58"

Rahal Boubrik Rahal Boubrik

Entretien. Projeté, le 4 novembre 2015, à la Bibliothèque Nationale, à Rabat, le film traite un moment phare de l’histoire du Maroc. Le 10 février, les troupes françaises et espagnoles ont lancé une offensive au Sahara pour écraser l’Armée de libération marocaine.

Parlez-nous de la genèse de votre  documentaire…
Rahal Boubrik :
Ce film est né  après la découverte d’une série  de photographies relatives à  l’opération “Écouvillon” dans les  archives militaires française, à la  fin des années 1980, durant une  recherche sur cette période de  l’histoire du Sahara. Par la suite,  j’ai découvert l’existence d’un film  tourné par l’armée française. C’est  à ce moment qu’est né le projet du  film. Mais, faute de financement, il  est resté au stade de projet jusqu’en  2011, quand j’ai réussi à obtenir des  subventions pour commencer les  recherches documentaires et, par  la suite, passer à la réalisation.

Pourquoi avoir choisi de revenir sur  cet épisode de l’histoire du Maroc?
Rahal Boubrik :
Tout simplement  parce que c’est un épisode charnière  de l’histoire du Maroc. On ne peut  pas comprendre ce qui se passe  actuellement au Sahara sans un  retour sur ce qui s’est passé durant  la fin des années 1950 avec l’Armée  de libération du sud marocain et  son élimination par une alliance  entre l’Espagne et la France,  suite à une opération militaire de  grande envergure en février 1958:  l’opération “Écouvillon”.

De quelle manière avez-vous choisi  de raconter l’histoire tragique de l’opération Écouvillon?
Rahal Boubrik :
L’opération  Écouvillon est racontée à grand  renfort d’images d’archives,  de documents historiques,  de témoignages de résistants  encore vivants et d’analyses  d’universitaires, notamment  espagnols et français. C’est un film  entre l’histoire et la mémoire. Ma  formation en histoire m’a aidé à  retracer les événements du Sahara  depuis sa colonisation jusqu’en  1958.

La réalisation d’un tel  documentaire demande un grand  travail de documentation. Etaitil  aisé de trouver les archives  relatives à l’opération Écouvillon  ainsi que des témoins vivants de  cette page de l’histoire?
Rahal Boubrik :
C’était un travail  long et fastidieux entre les  archives audiovisuelles françaises  et espagnoles pour trouver les  traces en images de ce moment  historique peu connu du grand  public national et international.

Quels souvenirs gardent les  témoins de cette tragédie et  comment a-t-elle influencé le cours  de l’histoire du Maroc?
Rahal Boubrik :
Les témoignages des  résistants étaient très touchants,  ils gardent encore en mémoire  ce moment douloureux. Etant  moi-même issu du sud, j’ai vécu  depuis l’enfance sur les souvenirs  de mes parents qui parlaient de  «l’année du bombardement des  avions». Un moment tragique,  dans la mémoire collective d’une  population, qui a marqué non  seulement l’histoire d’une région  mais celle de toute une nation.  L’une des conséquences graves  de cette opération est qu’une  partie du Sahara est restée sous la  colonisation espagnole jusqu’en  1975.

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