Le Maroc aura-t-il bientôt sa propre industrie de défense? Affirmatif, à en croire le général Juan Garcia Manuel Montano, directeur général des armements et matériels au ministère de la Défense espagnol. Lors de sa visite à l’exposition internationale d’armement et de matériel militaire DSEI, qui s’est déroulée du 12 au 15 septembre 2015 à Londres, le général Montano a déclaré que Rabat aurait demandé l’appui et le soutien des industriels espagnols de l’armement pour le transfert de technologie et la signature d’accords de partenariat en vue de la réalisation de programmes bien définis en commun. «Nous voyons des possibilités de collaboration de l’industrie de défense espagnole avec le Maroc», a-t-il souligné. Il a noté, après avoir visité les stands des grandes entreprises espagnoles participantes telles que EXPAL, Navantia, et SAES, que le ministère de la Défense travaille avec l’industrie espagnole à concrétiser cette coopération.
Malgré le poids des différends territoriaux et maritimes non encore résolus, l’Espagne est lié au Royaume par un accord de coopération qui a pris des dimensions importantes ces dernières années avec la montée des menaces terroristes et de la criminalité transnationale. La coopération industrielle et le transfert de technologie ne concernera pas certains secteurs de pointe stratégiques qui garantissent au voisin ibérique, membre de l’Otan, son avancée militaire.
Des dépenses en hausse
Sur le plan commercial, le Maroc est déjà un (petit) client de l’Espagne. En 2014, le montant des achats a atteint 89,7 millions d’euros. Le Maroc fera partie d’un groupe de cinq pays (Maroc, Colombie, Koweït, Malaisie et Singapour) dans le monde où des industries de défense seront en développement pour les 10 prochaines années. C’est ce qu’a prévu la firme américaine de conseil, Frost & Sullivan, qui a indiqué dans une récente étude, que le Maroc fait partie d’un groupe de pays où les dépenses militaires sont susceptibles d’augmenter considérablement dans les 10 prochaines années et que éprouvés financièrement par leurs futurs besoins militaires grandissant, le Maroc et les autres pays seraient contraints de développer leurs industries de défense locales.
D’ici 2025, ces 5 pays augmenteront fortement leurs dépenses militaires en raison des courses aux armements engagées dans leurs régions respectives et en raison de la multiplication des menaces les guettant, notamment terroristes. Pour le Maroc, qui a déjà gagné le pari des industries automobile et aéronautique, le défi de mise en place d’une industrie de défense n’est pas impossible. Concernant l’Espagne, qui figure dans le top-10 des pays exportateurs d’armement, les industriels ibériques auront tout à gagner, à commencer par une ouverture sur le marché africain, un continent où le Maroc mène une stratégie d’influence économique et politique d’envergure.