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Quelle issue pour la SAMIR ?

L’indispensable restructuration de la dette


Le feuilleton de l’affaire La Samir continue de faire l’actualité. Selon les dernières informations, la reconversion des dettes en action est sérieusement envisagée par les autorités judiciaires et les créanciers.

L’affaire La Samir est redevenue un enjeu politique depuis le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne. Objet d’un conflit ouvert au Parlement entre majorité et opposition, qui exhorte le gouvernement à relancer l’activité du raffineur fondé en 1959. Lors de sa dernière sortie sur la question, Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement a indiqué, le 20 avril 2023, que la solution au dossier de la Samir, nécessite de “faire preuve de calme et d’examiner les différentes possibilités offertes”.

Il a par ailleurs rassuré sur le fait que l’exécutif est conscient de “l’importance de la Samir en matière de stockage et de contribution à la sauvegarde des ressources énergétiques, lesquelles raffinées localement”. Les perturbations que connaît le marché des carburants ont démontré “l’inefficacité d’adopter une seule approche dans la gestion de la question de l’énergie”, a relevé le ministre, ajoutant que “le domaine de raffinage est à même de donner des solutions au problème de l’énergie qui s’aggrave au niveau international et se répercute sur le Maroc”.

Vision globale
Et alors que les dettes s’élèvent à plus de 45 milliards de DHS, les espoirs d’une reprise se réduisent comme peau de chagrin. Parmi les solutions proposées, notamment par le Front de sauvegarde de La Samir, la transformation des dettes du raffineur en participation au capital. Appelé debt-to-equity swap, le mécanisme permet de nettoyer des dettes antérieures en convertissant tout ou partie de celles-ci en fonds propres, et ainsi d’assainir le bilan de l’entreprise en réduisant endettement et levier financier.

C’est donc un outil efficace pour résoudre les problèmes de solvabilité d’une entreprise et lui permettre de se recentrer sur son activité. Il donnera aussi à la Samir la capacité de couvrir ses besoins de liquidité et d’investir lorsque l’actionnaire historique, à savoir l’Etat, y renonce. Il représente non seulement un outil pour restructurer la dette, mais également un moyen pour l’arrivée d’investisseurs qui doteront la Samir de moyens pour mettre en oeuvre son plan de relance, affirment les défenseurs du mécanisme.

Il s’agit donc de tout un montage financier qui est pourtant indispensable si l’on veut imaginer le scénario d’un rachat et de relance d’activité. Pour que cette solution aboutisse, une concertation avec les autres créanciers est nécessaire afin de lancer une action collective. La reconversion de la dette ne sera possible que si elle s’inscrit dans une vision globale menée par une structure maîtrisant le métier.

En tout cas, beaucoup de créanciers ont manifesté leur disposition à franchir le pas lors des auditions tenues auprès de la Cour d’appel de commerce de Casablanca. Les défenseurs d’une reprise rapide rappellent par ailleurs que la marge de raffinage pourrait faire gagner au consommateur marocain jusqu’à 3dh sur le prix à la pompe.

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