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QUE FAIRE DE LA MINURSO?


Alors qu’elle s’était par la suite retrouvée à se contenter de maintenir la paix, la MINURSO ne sert en fait désormais plus à rien.

“Du Cap au Caire”, comme le veut la fameuse expression, ils ont été beaucoup de militants panafricains à accueillir de façon favorable l’annonce de la fin de la MINUSMA, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali. À la demande de Bamako, le conseil de sécurité a unanimement voté, ce 30 juin 2023, en faveur de son départ. Il faut dire qu’en plus de dix ans de mandat, débuté le 25 avril 2013, la MINUSMA est devenue une partie du problème pour lequel elle a été initialement déployée. Comme l’avait fustigé le 16 juin 2023 le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, elle a finalement contribué à alimenter les tensions communautaires, à l’origine de la crise.

Ces derniers mois, elle avait notamment été derrière le rapport du 12 mai 2023 du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH) qui avait accusé l’armée d’avoir tué plus de 500 personnes fin mars 2022 à Moura, un village de la région de Mopti. Des faits qui, au vu de leur gravité, mériteraient bien sûr une enquête approfondie, d’autant que l’on parle d’une implication de la société militaire privée russe Wagner, mais la MINUSMA semble pour le moins être vite allée en besogne alors même que les informations relayées par ses soins sont susceptibles d’entretenir un ressentiment qui n’est aucunement de nature à apaiser des coeurs déjà fortement meurtris des suites de plus de onze ans de conflit.

Il y avait donc de quoi être indisposé, tandis que du côté des laudateurs de la décision malienne, c’est le fait de saper ce qui est considéré comme un énième instrument pour donner des leçons aux Africains qui a été salué. En tout cas, c’est dans moins de six mois que les Maliens devraient être finalement débarrassés de la MINUSMA, suite au plan de retrait progressif qui a été négocié avec eux, mais toujours est-il qu’à ce moment il restera encore sept opérations de maintien de la paix onusienne sur le continent.

Certaines, comme la MINUSCA en République centrafricaine et la MONUSCO en République démocratique du Congo sont, certes, bien utiles et connaissent d’ailleurs l’implication directe du Maroc via les Forces armées royales (FAR), bien qu’il serait peut-être plus pertinent à l’avenir de mettre à l’oeuvre la future Force africaine en attente (FAA). Mais quid, par exemple, de la MINURSO? Mise en place en avril 1991 dans le cadre du plan de règlement proposé quelque trois ans plus tôt par le secrétaire général de l’ONU de l’époque, Javier Pérez de Cuéllar, elle devait aboutir à l’organisation d’un référendum au Sahara marocain, consenti à partir de juin 1981 par le roi Hassan II sous l’insistance de ses pairs africains.

Sauf qu’il allait s’avérer au bout d’une décennie qu’une telle consultation était impossible à tenir du fait de la volonté de l’Algérie de ne faire participer que des pro-séparatistes triés sur le volet, dont certains ne sont mêmes pas originaires des provinces sahariennes. Et c’est dans ce contexte qu’en avril 2007 le Maroc soumettait à la discrétion du conseil de sécurité son initiative pour la négociation d’un statut d’autonomie, sachant que depuis juin 2001 le conseil de sécurité lui-même se contente de plaider en faveur d’une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable.

Alors qu’elle s’était par la suite retrouvée à se contenter de maintenir la paix, la MINURSO ne sert en fait désormais plus à rien depuis que le mouvement séparatiste du Front Polisario a, à partir d’août 2016, commencé à chercher à mettre pied dans les zones tampons confiées à l’ONU dans le cadre de l’accord militaire n°1 de décembre 1997. Depuis novembre 2020, elle n’est même plus en mesure de faire respecter l’accord de cessez-le-feu qui était en cours depuis septembre 1991; les FAR doivent ainsi souvent elles-mêmes recourir à des frappes préventives pour éloigner les milices du Polisario du mur de défense érigé à l’orée des zones tampons.

Relique d’un temps où le Maroc devait encore composer avec ceux-là mêmes avec qui le Mali s’est retrouvé aux prises (et qui avait manipulé les Africains pour faire du Sahara marocain une pseudo question de décolonisation), la MINURSO n’est en fin de compte qu’une insulte journalière au combat mené depuis près d’un demi-siècle par le Royaume, Roi et peuple, pour le parachèvement de son intégrité territoriale. Comme l’avait de toute façon relevé le représentant permanent du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, à la dernière réunion annuelle du Comité des 24, “la décolonisation des provinces sahariennes (…) a été définitivement et irréversiblement scellée”. Il est donc bien plus que temps de passer à autre chose.

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