On a beau faire, les inégalités hommes-femmes perdurent. Les discriminations aussi. Que ce soit dans le travail, dans la famille ou en politique. Ce qui pousse les femmes à travers le monde à revendiquer plus d’émancipation. Plus que jamais la voix de la moitié longtemps silencieuse et dominée de la population se fait désormais entendre; elle revendique ses droits et les exerce souvent à parité avec l’autre moitié. Une révolution d’autant plus déterminante que, loin d’être un luxe de pays riches, elle s’étend désormais à de très nombreuses régions du monde. Y compris au Maroc, le vent de l’égalité a commencé à souffler et à secouer les vieilles tutelles de la tradition.
Un vent, certes, contrarié par une situation économique et sociale des plus alarmantes. Situation dont les femmes subissent tous les inconvénients. En effet, Il n’y a pas un jour où telle ou telle recherche universitaire ou tel ou tel rapport d’études, d’organisme national ou international, ne nous abreuve de chiffres ou de constats qui prennent la réelle mesure des inégalités hommesfemmes au Maroc. Ce qui permet de vérifier si les engagements politiques, lois et autres dispositions formelles dont se prévalent les décideurs sont véritablement traduits en actes tangibles, ayant une incidence sur la condition réelle des femmes aussi bien dans le milieu urbain que rural. Pour ne citer que quelques conclusions de certaines études qui ont abordé récemment le volet économique, comme celle du Haut Commissariat au Plan (“Rapport sur les femmes marocaines et le marché de l’emploi”, décembre 2013) ou la dernière publication de la revue Economia, du Centre de Recherches CESEM, de HEM, toutes mettent l’accent sur la marginalisation économique et sociale des femmes. Non seulement leur contribution à l’économie, aux alentours de 22,3%, est des plus faibles au monde, mais s’ajoute aussi le fait que plus de 54% des Marocaines de 15 à 19 ans sont empêchées de travailler par leurs familles. Et même celles qui ont eu la chance d’être mieux formées sont moins payées. Victimes de la discrimination salariale, moins bien rémunérées, plus souvent à temps partiel et majoritairement dans les métiers les moins valorisées, les femmes marocaines restent défavorisées au travail.
Mais, dans tous les cas, les femmes qui travaillent ont du mal à concilier entre vie professionnelle et familiale. Ainsi, dans l’ensemble, le Maroc est loin d’avoir comblé l’écart de genre qui se creuse, et ce d’autant plus que, du côté des politiques publiques, tout est à faire. Tant l’appréhension de la question de l’égalité est biaisée à plusieurs niveaux, nous disent Lahcen Achy et Aicha Belarbi, respectivement économiste et sociologue, dans leur communication publiée dans la revue Economia. Non seulement, nous disent-ils, la conciliation entre la vie professionnelle et familiale n’est aucunement prise en charge par les pouvoirs publics mais la question de l’égalité se limite, à travers le budget genre, à quelques mesures partielles et parcellaires. Il reste, donc, beaucoup à faire pour sortir des stéréotypes de genre.