UN PSY POUR CHAQUE MAROCAIN

DEUX GOUVERNEMENTS EN UN

Nombre de nos concitoyens ont renoncé aux sorties du week-end. La raison est simple. Le week-end, surtout le soir, c’est désormais fait pour les communiqués du gouvernement ou qui en portent la signature.

Les Marocains doivent s’attacher les services d’un psychiatre au plus vite. Ils risquent de perdre la raison à n’importe quel moment. Pourquoi? Hier, dimanche 6 septembre 2020, dans la soirée, on se serait cru face à deux gouvernements en un. Un chassé-croisé de communiqués pour le moins contradictoires, l’un taclant l’autre à raison de 30 minutes d’intervalle, entre la primature et le ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur. L’un disait qu’à partir de lundi 7 septembre, tous les élèves et étudiants vont devoir suivre leurs cours en mode distanciel vu la situation épidémiologique inquiétante. L’autre expliquait que cette mesure s’appliquerait seulement aux écoles implantées dans des quartiers où des foyers de contamination ont été déclarés. A un certain moment, la contradiction provenait de la même source avant de se rétracter quelques minutes plus tard. Réfléchissez avant, concertez-vous d’abord, puis communiquez! Est-ce si difficile?

Nombre de nos concitoyens ont renoncé aux sorties du week-end. La raison est simple. Le week-end, surtout le soir, c’est désormais fait pour les communiqués du gouvernement ou qui en portent la signature. Certains disent vouloir ne rien rater s’il leur arrive de faire une petite virée à la corniche un samedi soir. Normal, tous les communiqués tombent un samedi ou un dimanche en fin de soirée! Le gouvernement réfléchit sereinement et prend les décisions seulement en fin de semaine quand ceux qui sont censés recevoir le message prennent du repos.

C’est un gros problème. Le gouvernement et les gouvernés doivent s’accorder sur le concept même du week-end, du repos et des bases de la communication publique. Les réseaux sociaux sont le canal de la communication officielle. Et la presse marocaine est le canal de la communication officieuse. Ce canal est mal vu! La presse dérange. La presse ne positive pas. Elle ne remonte pas le moral à nos gouvernants qui sont trop pris du lundi au vendredi pour prendre les décisions, aussi hâtives qu’irréfléchies, et en informer le public. La presse révèle les incohérences, les failles, les défaillances et parfois même certains micmacs. L’idéal, c’est quand la presse deviendra une presse béni-oui-oui.

Revenons aux décisions prises. Jusqu’à quand va-t-on continuer à considérer le citoyen comme mineur ou dément? Jusqu’à quand va-t-on décréter des mesures impopulaires? La seule fois où le gouvernement a annoncé une mesure populaire, elle était fatale. En officialisant Aid Al Kébir (fête du sacrifice), le gouvernement a contribué à propager le virus. Pour faire plaisir aussi aux éleveurs et à un secteur capitalistique qui brasse des milliards.

Va-t-on continuer à manipuler les Marocains par des décisions floues basées uniquement sur des chiffres sans âme pour leur imposer des décisions à la dernière minute qui bouleversent leur vécu? Comment peut-on inciter une large frange de Marocains, déjà endettés jusqu’au cou, sans ressources, et hantés par les arriérés des loyers et des factures d’eau et d’électricité, à payer les frais de scolarité en entier (pour faire plaisir aux écoles privées et leurs propriétaires dont certains sont bien introduits dans les arcanes de l’Etat) et de fournitures scolaires puis, brusquement, la veille du début des études, leur annoncer, à leur grande amertume, la décision de l’enseignement à distance? Et pourquoi les responsables n’ont pas entendu la voix de ceux qui dénonçaient le choix à haut risques laissé aux parents entre les modes présentiel et distanciel? Comment dans certaines villes, qui ne sont pas concernées par la décision du gouvernement, des parents d’élèves, qui ont emmené leurs enfants à l’école ce lundi 7 septembre 2020 à 8 heures, ont été informés sur place que le Mokadem du quartier vient d’informer l’école que seul l’enseignement à distance est de mise? Qui prend la décision? C’est le Mokadem maintenant?! Si ce n’est pas du mépris du citoyen, comment peut-on le qualifier autrement? Le gouvernement tâtonne. Résignés, peutêtre pas pour longtemps, les citoyens subissent les revers d’une gestion chaotique du pays.

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