Les propos scandaleux d'El Malki

La pension des parlementaires préserve le statut social du "représentant du peuple"

Comment l’usfpéiste Habib El Malki, président de la Chambre des représentants, peut-il se permettre, avec un sourire narquois (face à la caméra de la chaîne Al Jazeera), d’évoquer les peines du peuple pendant cette pandémie et ne défendre que la situation matérielle et le statut social du parlementaire qu’il faut “absolument” et à tout prix préserver ?

Quiconque pense que la polémique née autour de la pension à vie des parlementaires à la fin de leur mandat est enterrée, se trompe! Après les propos provocateurs et non moins irresponsables de Driss El Azami, membre du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD) et maire de Fès, lundi 12 octobre 2020, lors d’une séance parlementaire de la commission des Finances et du développement économique, qui avait déclaré que les parlementaires ne peuvent travailler “Biliqui” (gratis) et qu’il va falloir préserver leur niveau de vie même après la fin de leur mandat, l’usfpéiste Habib El Malki, président de la Chambre des représentants, a ajouté de l’huile au feu lors d’un échange avec le présentateur de l’émission Bila Hodoud de la chaîne TV qatarie Al Jazeera, quand il a déclaré: “Je défends le présent et le futur du parlementaire.

Nous devons lui garantir toutes les conditions pour préserver son statut social symbolique et pour que celui-ci demeure digne de son rang. Je ne pense pas que la demande de la réforme de cet écosystème de la pension des parlementaires est une priorité pour le peuple marocain.

L’opinion publique marocaine est trop occupée par le vécu quotidien et par assurer un minimum de revenus pour sa subsistance. Et puis, la conjoncture actuelle liée à la pandémie de Covid-19 ne se prête pas à une telle réforme parce ce que cette pandémie a eu des répercussions financières fâcheuses sur une large frange de la population et dans ce contexte, la situation financière du parlementaire doit rester intacte’’.

Injustice sociale
Des propos qui ne peuvent en aucun cas émaner d’un responsable politique appartenant à une formation politique qui a longtemps brandi des slogans contre l’injustice sociale et la rente. Comment Habib El Malki peut-il se permettre, avec un sourire narquois, d’évoquer les peines du peuple pendant cette pandémie et ne défendre que la situation matérielle et le statut social du parlementaire qu’il faut “absolument” et à tout prix préserver? C’est un tournant historique qui documente un lapsus révélateur de la part d’un politique chevronné qui défend la rente et s’y cramponne, en lançant un message clair selon lequel l’exercice de la politique et la course vers les postes de responsabilité doit être compensé et rémunéré à vie et qu’il n’existe point de représentants du peuple qui s’évertuent pour le servir et servir leur pays.

Au Parlement, plusieurs partis ou groupes parlementaires dont le PJD font volte-face depuis quelques années déjà au sujet de la suppression de la pension des parlementaires. Ils ne veulent pas abandonner cette “vache-à-lait” inestimable et qui rend la course des élections législatives attractive et souvent parsemée de dérapages gravissimes. Une course électorale qui n’attire en grande partie que des personnes mues par la volonté de défendre leurs intérêts personnels et non pas l’intérêt général.

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