Le 23 septembre 2024, lors de la 79ème session de l’assemblée générale de l’ONU, les dirigeants mondiaux ont adopté un « Pacte pour l’Avenir » qui comprend un accord sur le numérique et une déclaration sur les générations futures. C’est un engagement collectif des États membres pour relever les défis mondiaux en matière de développement durable et de lutte contre le changement climatique. Il promet de réduire la fracture numérique, d’accélérer la réalisation des objectifs de développement et de renforcer la coopération internationale.
Tel qu’il a été adopté, le pacte suscite une bonne dose d’optimisme pour une certaine jeunesse marocaine. Pour l’autre jeunesse, obnubilée par l’émigration au péril de sa vie, c’est une méga-dose de scepticisme.
Si les objectifs fixés par le Pacte pour l’avenir sont louables, leur mise en œuvre soulève de nombreuses questions. Comment financer les projets de développement durable dans les pays en développement? Comment garantir un transfert de technologies efficace vers ces mêmes pays? Comment s’adapter aux conséquences inévitables du changement climatique? Autant de défis qui nécessitent une mobilisation sans précédent d’une communauté internationale de plus en plus renfermée dans les égoïsmes nationaux et souverains.
Pour les jeunes générations marocaines et africaines, ce pacte supposé être une promesse d’avenir est une source additionnelle d’interrogations pour ne pas dire d’inquiétude : Aspirer à un monde plus juste n’est qu’un blablabla politicien anesthésiant. Ils savent d’avance que les engagements pris par les dirigeants ne seront pas tenus. Ils connaissent le caractère trop général et peu réaliste des pactes et le manque des mécanismes de leurs mises en œuvre. Ils savent que les divergences entre les priorités des lobbyistes entravent les mises en œuvre effectives en faveur des laissés-pour-compte. Ils savent que l’instrumentalisation politique du pacte va renforcer les pouvoirs et les influences oligarchiques et détourner les profits vers les plus vernis. Le discours de Aziz Akhannouch à l’Assemblée Générale de l’ONU présente la face astiquée de la pièce. Il positionne le Maroc comme un acteur engagé dans la gouvernance mondiale et le développement durable. Il met en avant les ambitions du pays et sa volonté de contribuer à un monde plus juste et plus durable. Le côté pile de la pièce est nettement moins brillant. La veille de ce discours, des milliers de jeunes, dans un désarroi total, ont tenté de forcer le passage au niveau du poste frontière de Fnideq-Sebta. La juxtaposition du discours d’Akhannouch avec ce triste évènement soulève des questions intéressantes sur la cohérence entre les discours et les réalités du terrain. Alors que le discours présente une vision optimiste et ambitieuse du Maroc, les évènements de Findeq-Sebta révèlent les défis sociaux et économiques important en termes de chômage, de cherté de la vie, d’inégalités et de perspectives d’avenir pour les jeunes. Si le Maroc se positionne comme un acteur clé de la gouvernance mondiale, qu’en est -il de la gouvernance locale et la capacité des autorités à répondre aux besoins et aux aspirations des jeunes ? Le discours du premier ministre sur le développement durable est en décalage avec les pressions économiques et sociales qui poussent les jeunes à prendre des risques désespérés.
Si le discours d’Akhannouch reflète les aspirations du gouvernement, les évènements de Fnideq-Sebta rappellent les défis auxquels le pays est confronté et la nécessité de mettre en œuvre des politiques plus efficaces pour répondre aux besoins des jeunes et construire pour eux un avenir plus juste et plus durable.