Bien que membre constitutif de la majorité, le parti de la balance refuse de cautionner ce qu’il taxe de texte peu ambitieux et manquant de mesures fiscales et budgétaires.
Au moment d’annoncer, le 22 septembre 2021, la constitution de la nouvelle majorité, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, avait promis que son cabinet serait “fort” et “cohérent” et que sa “performance” serait “marquée par l’homogénéité, la coopération, l’efficience, la vision futuriste et la forte volonté de changement et de rupture avec les politiques arrivées à leurs termes”. Voeu pieux? Oui, en tout cas en ce qui s’agit du projet de loi des finances (PLF), qui est le premier gros chantier de l’équipe gouvernementale de M. Akhannouch.
Jugé frileux par une partie de l’opposition, en ce qu’il ne serait notamment pas à même de permettre la mise en oeuvre du nouveau modèle de développement (NMD), il essuie désormais les propres critiques de la majorité, et ce, en l’espèce, de la part du Parti de l’Istiqlal (PI). L’Alliance des économistes istiqlaliens (AEI), qui réunit l’intelligentsia économique du doyen des partis nationaux, vient ainsi de se fendre d’un document fort critique envers la mouture du PLF se trouvant actuellement en discussion au parlement, et, concrètement, a particulièrement critiqué ses ambitions économiques, jugées bien en deçà. Référence a notamment été faite aux projections de croissance, fixées à 3,2%.
“Il n’est annonciateur ni de rupture par rapport au passé ni de signaux suffisamment positifs aux opérateurs économiques,” regrette l’AEI. Et d’estimer que “l’annonce d’un taux ambitieux de croissance hors agriculture serait plus stimulant pour les opérateurs économiques devant s’inscrire dans une logique collective de relance”. En outre, l’AEI a pris à partie ce qu’elle a qualifié d’“insuffisance des mesures fiscales et budgétaires au profit des secteurs fortement impactés par la crise actuelle”, en citant le tourisme et les activités dépendantes, la culture ou encore l’habitat.
Compétitivité des entreprises
Elle demande, de fait, d’en prendre, et propose par exemple d’organiser, dès 2022, le salon Made in Morocco. Dans le même sens, l’AEI appelle à retarder de 24 mois les délais fixés eu égard aux sociétés de financement, de sorte à retarder les saisies de biens financés. Enfin, elle a mis l’accent sur la réalisation effective des investissements publics prévus dans le PLF, ce qui est généralement rarement le cas car souvent le gouvernement, pour rentrer dans ses frais et limiter le déficit budgétaire, suspend, de façon automatique chaque année, une partie d’entre eux.
Et au niveau du pouvoir des citoyens et de la compétitivité des entreprises, l’AEI suggère d’introduire des amendements qui puissent notamment parer aux augmentations des prix que doit subir le Maroc. Verra-t-on, ceci dit, la couleur de tout cela dans le PLF?.