Pas de reprise en vue
Financement. Au moment où l’épargne bancaire retrouve de la vigueur, les crédits bancaires ne connaissent qu’une timide progression. La réunion prochaine Bank Al Maghrib, GPBM et CGEM saura-t-elle mettre fin à la crise ?
Les banques marocaines ont enregistré en 2015 une des plus faibles progressions du crédit bancaire au cours des quinze dernières années, puisqu’elle sera inférieure à 1% selon les prévisions de Bank Al Maghrib (BAM).
L’encours des prêts bancaires n’aura pas dépassé les 765 milliards de dirhams, notamment grâce à un rebond du crédit en novembre 2015. Ceci n’a pas empêché BAM de réviser à la baisse ses prévisions sur l’ensemble de l’année, à 0,5%. L’année 2016 sera-t-elle mieux ? Rien n’est moins sûr puisque, de l’avis de certains prévisionnistes avisés, il faut s’attendre à une certaine décélération de l’activité économique dans les mois à venir. Face aux difficultés de remboursement des entreprises et des ménages, les banques sont plus frileuses à lâcher plus de crédits aux uns et aux autres.
Elles sont plus préoccupées par la montée de leurs créances en souffrance qui ont atteint, à fin novembre 2015, le montant de 57,4 milliards de dirhams, en progression de 10%. Tout le monde de la finance a en mémoire les déboires de certains grands comptes et les prévisions encore plus inquiétantes sur les faillites d’entreprises en 2016.
Certaines banques se sont tellement impliquées dans de grosses opérations (notamment Samir, Alliances, Maghreb Steel) qu’elles sont amenées à y réfléchir à deux fois avant de se lancer dans des opérations de financement plus risquées. Plus prudentes, les banques vont continuer à resserrer les conditions du crédit et les entreprises privées restent peu enclines à s’adresser à elles pour financer leurs projets d’investissement. Les prêts qu’elles ont, d’ailleurs, réussi à obtenir des banques ont diminué de 2,7% en novembre 2015 après une contreperformance de 3,9% en octobre de la même année.
Difficultés de remboursement
Au mieux, Bank Al Maghrib ne peut tabler que sur une légère augmentation du crédit bancaire qui ne dépasserait pas les 3%. Pas de quoi donner un coup de fouet à une économie qui a tant à faire pour créer un environnement favorable aux entreprises, seules à même de créer des emplois et à distribuer des revenus à des ménages en manque de pouvoir d’achat suffisant.
Si les attentes des opérateurs économiques vis-à-vis des banques en matière de paiement sont plus ou moins satisfaites, en matière de financement beaucoup reste à faire. Au-delà de la sécurité, certes nécessaire, les banques doivent jouer plus la carte de la facilité et de la simplicité dans l’octroi du crédit.
Confrontées à une véritable révolution numérique, elles doivent répondre à plusieurs défis pour maintenir, entre autres, l’équilibre entre développer des moyens de paiement modernes et favoriser l’octroi de financements utiles et nécessaires pour accompagner l’activité économique.