LA PRESSE ÉCRITE N’EST PAS ENCORE SORTIE DE L’AUBERGE

REPRISE DE LA PUBLICATION DES JOURNAUX ET MAGAZINES EN PAPIER

L’annonce est truffée de défis autant pour les éditeurs que pour les distributeurs. C’est dire que la reprise n’est pas aussi facile qu’on le croit à cause d’un manque de visibilité handicapant.

“La presse papier de retour dans les kiosques’’. C’est le titre principal de plusieurs médias qui ont appris, par le truchement d’un post de Othmane El Ferdaous sur Facebook, la décision, apparemment concertée avec le ministère de l’Intérieur, invitant les entreprises de presse à reprendre l’impression et les entreprises de distribution à relancer la distribution des journaux et magazines papier. Si le 22 mars, jour de la décision de la suspension, la décision a été médiatisée à travers un communiqué du ministre de la Communication sortant, la décision de reprise a été annoncée par le biais d’un post sur Facebook. Qu’importe le canal, c’est le message qui compte!

Et puis, El Ferdaous a été réactif dès sa nomination pour venir en aide à une presse agonisante, en lui lui reconnaissant le mérite de jouer un rôle capital dans la sensibilisation et la lutte contre la propagation du virus pendant cette crise sanitaire. L’intrigant, c’est que dans les deux annonces, ni la fédération marocaine des éditeurs, ni le Syndicat national de la presse marocaine ni le Conseil national de la presse n’ont été consultés, ne serait-ce que pour la forme, pour préserver la dignité d’un secteur qu’on croyait jusqu’à un passé tout récent affranchi de toute tutelle.

Mais que dalle! Bref, le plus important est ailleurs. L’annonce est truffée de défis autant pour les éditeurs que pour les distributeurs. C’est dire que la reprise n’est pas aussi facile qu’on le croit à cause d’un manque de visibilité handicapant. Dans un courriel adressé aux éditeurs, le président du groupe Edito, regroupant les trois distributeurs (Sapress, Sochepress, Warak Press), souligne: «Nous avons appris par un communiqué du ministère de tutelle sur les réseaux sociaux, que la presse papier pourrait être distribuée à nouveau à partir du mardi 26 mai 2020, alors que nos plans prévoyaient une reprise progressive à l’issue de la période de déconfinement, dont la fin est prévue pour le 10 juin à 18h.

Notre secteur d’activité était déjà confronté à une crise importante avant qu’on ne soit touché par la pandémie. Aujourd’hui après un arrêt de plus de deux mois, la situation est encore plus critique avec très peu de visibilité sur la sortie de crise ». Cependant, ajoute-t-il, le groupe a travaillé depuis plusieurs jours sur un plan de reprise progressive de l’outil logistique qui s’articule autour de trois axes: La mise en place des mesures de sécurité et de prévention sur le lieu de travail; une estimation du fourni par titre à distribuer au redémarrage de l’activité et la récupération de tout le stock des invendus dans le réseau.

Reprise progressive
Pour le deuxième volet, le problème se pose au niveau du recensement national des points de vente ouverts, indispensable pour envisager les opérations de distribution. Aussi, la fermeture des cafés, dont on ne dispose pas encore de visibilité sur la date de réouverture, remet sur la surface leur poids dans les ventes. Sans compter l’impact des abonnements gérés directement par le réseau de points de vente, du fait que l’on ignore encore si les établissements publics et des entreprises privées vont autoriser les livraisons de la presse papier ou non. Ou encore, l’impact de la pandémie sur les habitudes d’achat des lecteurs, dont l’évaluation ne peut être faite que sur plusieurs semaines de présence de la presse dans les points de vente.

Autant de défis vus comme étant des obstacles majeurs à la reprise de la presse papier et que le post du ministre n’a pas détaillés. Il est temps de les tirer au clair. A ces obstacles se greffe la mise en veilleuse de la plupart des campagnes des annonceurs, qui constituent, compte tenu que l’économie de la presse est duale, le socle des recettes des entreprises de presse.

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