Donné comme perdant, le président turc sortant, Recep Tayyip Erdogan, a fini par déjouer les pronostics. Lors des élections qui se sont tenues ce 14 mai 2023, il a terminé premier, avec 49,50% des voix exprimées. C’est près de 5 points de plus que son principal adversaire, Kemal Kilicdaroglu, du Parti républicain du peuple (CHP). M. Erdogan n’a, certes, pas réussi à rééditer ses performances des deux précédents scrutins, à savoir ceux de 2014 et de 2019, qu’il avait remportés dès le premier tour.
Du fait qu’il n’a pas obtenu la majorité des suffrages, il devra donc en découdre, le 28 mai 2023, avec M. Kilicdaroglu. Mais on est loin de l’humiliation que beaucoup lui prédisaient. Réputé pourtant pour sa fiabilité, l’institut de sondage MAK avait ainsi accordé une victoire à hauteur de 50,9% à M. Kilicdaroglu.
Les résultats dévoilés le 15 mai 2013 par le président du Haut Conseil électoral (YSK), Ahmet Yener, auront donc fait office de démenti. Les législatives, tenues le même jour, ont d’autant plus confirmé la prééminence de l’Alliance populaire, la coalition formée depuis février 2018 par le Parti de la justice et du développement (AKP), la formation de M. Erdogan, et le Parti d’action nationaliste (MHP), généralement classé à l’extrême droite.
Même si elle a perdu 22 sièges, elle continuera de contrôler, pour les cinq ans à venir, la grande assemblée nationale, en se prévalant d’un total de 322 députés. Si beaucoup s’attendaient à ce que le mauvais état de l’économie turque, cristallisé par la chute de la lire, la monnaie nationale, allait finir par coûter à M. Erdogan, il aura, à l’évidence, toutefois été plus convaincant que M. Kilicdaroglu.
Ce dernier a pu payer, selon différents experts, son “coming-out” du 20 avril 2023 au sujet de son appartenance à la minorité alévi, dans un pays où au moins quatre habitants sur cinq sont sunnites.
De l’autre côté, M. Erdogan l’a accusé d’être proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le parti séparatiste kurde, en renvoyant à la propre ascendance turque de son adversaire. Reste à savoir si celui qui préside aux destinées de la Turquie depuis mars 2003 dispose encore des ressources nécessaires pour se maintenir au pouvoir.