Le président Algérien malade de COVID-19

Où est Abdelmajid Tebboune?

Plus de trois semaines après l’annonce officielle de sa contamination, le président algérien n’a toujours pas fait de réapparition publique, seul moyen pour véritablement balayer les rumeurs sur son état de santé.

Abdelmadjid Tebboune est, à l’évidence, encore loin d’être rétabli de la Covid-19, qui depuis plus d’un mois le touche et avait amené ses médecins, à partir du 28 octobre 2020, à le faire hospitaliser en Allemagne. Ainsi, les services de presse de la chancelière allemande Angela Merkel ont démenti qu’elle se soit “réjouie” dans un message que le président algérien “se soit remis de son infection”, comme l’avait avancé dans une dépêche le 20 novembre l’agence Algérie presse service (APS)insistant qu’elle lui avait seulement adressé ses “meilleurs voeux de force et de courage (...) pour la suite de [sa] convalescence”.

Mais que cherche donc à cacher la présidence algérienne? L’état de santé de M. Tebboune aurait-il, en vérité, empiré? Personne ne le souhaite bien sûr et ce même au Maroc, en dépit de l’anti-marocanisme affiché tout au long de sa première année de mandat par le locataire d’El Mouradia et ses attaques répétées en particulier à l’encontre de l’intégrité territoriale du Royaume dans les tribunes internationales, mais le fait est que la question ne peut que se poser.

Le flou maintenu
D’abord, si M. Tebboune n’est véritablement plus atteint de la Covid-19, il aurait simplement suffi de se fendre d’un communiqué pour le dire, au lieu d’essayer de le mettre, faussement, dans la bouche de Mme Merkel et risquer, au demeurant, de se prendre une volée de bois vert de sa part, comme cela est finalement donc advenu. Et en soi-même, que Mme Merkel infirme les allégations de l’APS laisse entendre que celles-ci sont dénuées de fondement, car pourquoi, in fine, prendre le temps de le faire si le président algérien en est sorti? Ces méthodes ne sauraient, toutefois, surprendre de la part d’Alger, qui depuis que M. Tebboune a été contaminé semble avoir délibérément choisi de verser dans l’intox, contre toute raison.

Ainsi, M. Tebboune se disait lui-même, le 24 octobre sur le réseau social “Twitter”, “en bonne santé”, alors que de hauts cadres de l’État avec lesquels il avait été en contact commençaient à présenter des symptômes typiques de la Covid-19. “Je continue mon travail,” soutenait-il. A posteriori, on pourrait, certes, lui donner le bénéfice du doute, mais le fait que son transfert en Allemagne, quatre jours plus tard, ait eu pour motif officiel de simples “examens médicaux approfondis sur recommandation du staff médical”, avant que l’on sache qu’il avait bien la Covid-19, ne peut que laisser songeur quant à sa sincérité véritable au moment de tweeter -ou que l’on ait tweeté pour lui, on ne devrait en tout cas pas le savoir de sitôt.

En fait, c’est de source saoudienne qu’on avait appris, le 30 octobre, la maladie de M. Tebboune, après que le ministère des Affaires étrangères saoudien se fut fait l’écho d’une lettre du prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, s’enquérant de l’état de santé du président algérien et lui souhaitant “un prompt rétablissement”. La présidence algérienne, elle, ne confirmera que le 3 novembre, en se répandant dès lors frénétiquement en communiqués rassurants, assurant notamment le 8 novembre que son état est “en constante amélioration”.

Plus tard, on saura par la voie du média électronique Algérie Part qu’en réalité, M. Tebboune était sur le point d’être transporté à Berlin après que son état se fut aggravé à l’hôpital Krankenhaus Merheim de Cologne où il se trouvait, et que le régime algérien était en train de mentir aux Algériens et au monde.

Révolution volée
Plus de trois semaines après, M. Tebboune n’a toujours pas fait de réapparition publique, seul moyen pour véritablement balayer les rumeurs à son encontre, et au contraire les milieux officiels algériens, on l’a vu donc avec l’affaire de la vraie-fausse missive de Mme Merkel, essaient de ruser pour sauver les apparences. Mais pourquoi donc? Car après tout, ils sont nombreux les chefs d’État et de gouvernement ayant été en proie, au cours des derniers mois, à la Covid-19, et cela ne devrait en principe poser aucun problème d’avoir une communication transparente à cet égard.

Le pouvoir algérien a, lui, tout à l’opposé, suscité un véritable cafouillage, à telle enseigne qu’il est désormais quasiment impossible d’y voir clair, sauf sur un point particulier: son attachement, coûte que coûte, à se maintenir, en faisait fi de toutes les règles. Et par là, il faut désigner en particulier l’armée, qui au final a volé au peuple algérien sa révolution qui avait fait tomber de son piédestal de président, en avril 2019, Abdelaziz Bouteflika, et qui au cours des derniers mois a davantage donné l’impression d’avoir à coeur d’avaliser son hold-up par la voie de la consultation référendaire du 1er novembre relative à la Constitution -consultation boycottée à plus des trois quarts, au passage, par la population- que de garantir l’avenir du pays, car autrement elle ne permettrait pas qu’il soit question d’un telle vacance actuellement au sommet de la pyramide de l’État, et en entretenant au surplus, contre vents et marées, le flou le plus total.

La junte algérienne avait d’ailleurs fait de même au cours des six dernières années, justement, de M. Bouteflika aux commandes, cherchant même à le reconduire pour la cinquième fois de suite à la tête de l’Algérie alors qu’il était clair qu’il n’était plus en état de diriger depuis l’accident vasculaire cérébral (AVC) qu’il avait eu en avril 2013. Et le pire est que la voisine de l’Est n’est pas la seule perdante, puisque presque la totalité des grands dossiers régionaux se retrouvent otages de la situation présente, y compris celui du Sahara marocain: en serait- on arrivé aux provocations du mouvement séparatiste du Front Polisario, qui avaient finalement amené le 13 novembre les Forces armées royales (FAR) à intervenir, avec un gouvernement civil ayant pour seul souci les intérêts directs des Algériens et des Algériennes? Si, à vrai dire, l’Algérie est actuellement malade, elle ne l’est décidément pas seulement de son président.

Articles similaires