Les premiers épisodes, actuellement conçus dans les studios Artcoustic à Casablanca, seront diffusés à partir de septembre 2022 sur les chaînes nationales Al Aoula et 2M. Des scénarios qui s’inspirent du patrimoine et de l’histoire du Maroc.
Des dessins animés 100% marocains. Ce n’est point un rêve ou une chimère. Ce sera bientôt une réalité sur nos petits écrans. Un projet culturel initié par les deux télévisions nationales Al Aoula et 2M, en partenariat avec la Festival international du cinéma d’animation de Meknès (FICAM). Des productions actuellement conçues dans les studios Artcoustic de Casablanca. «Le projet a été fait à l’initiative des deux chaînes nationales, qui nous ont fait confiance pour produire la première série de dessins animés 100% marocains, réalisés par des Marocains», nous confie Ali Rguigue, directeur général de cette entreprise culturelle, qui a remporté les deux appels d’offres de ces stations publiques.
Illustrer l’histoire du Maroc
Une quarantaine de personnes ont été mobilisées en interne en mode hybride, Covid-19 oblige, pour confectionner ces futures starlettes marocaines, à l’image du fameux Naruto. Deux premiers dessins animés made in Morocco, d’un budget de 2 millions de dirhams, qui comporteront vingt à trente épisodes de trois à quatre minutes inspirées du patrimoine et de l’histoire du Maroc. «Le premier revient sur des histoires racontées et transmises oralement par nos grands-mères et non illustrées jusque-là, tandis que le deuxième raconte l’histoire extraordinaire d’une personnalité marocaine des années 1940, une époque très importante du Maroc, sans la glorifier. Je trouve que raconter l’historique des héros du pays à travers les dessins animés est une chose magnifique, explique M. Rguigue.
L’équipe est notamment composée de graphistes et artistes marocains qui conçoivent des dessins numériques et images. Les scénarios sont écrits en interne. Des ressources humaines rarissimes sur le marché marocain. «Les profils sont très compliqués à trouver et à former. Il fallait faire exister le capital culturel du Maroc sur son territoire. D’où la nécessité des ressources locales. Des animateurs, graphistes ou designers qui pourront déceler les codes culturels et vestimentaires marocains ».
Pas facile aussi de s’approprier les technologies dédiées à ces films d’animation, dont la plupart sont produits au Japon ou aux Etats-Unis. «Ce fut compliqué de regrouper les moyens humains et techniques puisque les appels d’offres exigeaient des productions en 2D et 3D, deux techniques complètement différentes qui nécessitent des ressources et budgets différents », reconnait notre interlocuteur. Pour respecter les délais fixés par les deux chaînes, la société a décidé s’attacher les services de deux scénaristes externes pour renforcer le staff chargé d’écrire les scénarios pour chaque projet, vu le nombre d’épisodes prévus.
Travail d’investigation
Produire des dessins animés marocains, c’est bien, proposer au public des contenus didactiques, c’est encore mieux. Pour bien raconter l’histoire marocaine à travers des personnages fictifs, les concepteurs se sont bien documentés auprès de différentes sources. «Nous faisons énormément de recherches pour notre plateforme digitale dédiée à l’actualité depuis plusieurs années. Ce travail nous a permis d’avoir une cellule d’écriture et d’investigation assez robuste et de faciliter l’exploitation des archives historiques obtenues auprès de littéraires et de grands-mères narratrices», affirme M. Rguigue.
Pour le top manager des studios Artcoustic, dont le staff travaille sur ce projet depuis un an et demi, l’enjeu en vaut la chandelle. «Nous sommes très contents de contribuer à ce projet. Je trouve que raconter l’historique des héros du pays à travers les dessins animés est une chose magnifique», se réjouit-il. Une bonne partie des scénarios sont prêts. Certains ont même été déjà validés par les deux diffuseurs. Jusque-là, cette entreprise, créée en 2012, s’activait principalement dans la production de films d’animations, notamment des courts-métrages de deux minutes minimum.
Course contre la montre
L’un d’entre eux a d’ailleurs été nominé à l’African Festival animation et un autre sélectionné au Salon d’animation de Paris (SAP). Mais, au-delà de la conception de ces dessins animés, elle souhaite les exporter sur le marché international. «Il existe une prise de conscience par rapport à l’industrie de l’animation au Maroc. Nous disposons d’outils nécessaires pour vulgariser nos productions locales à l’international et même favoriser des productions externalisées dans le Royaume à travers l’offshoring», espère M. Rguigue.
Dans l’intimité de ses studios, situés dans le quartier de l’Oasis, le personnel est au pas de charge. Un travail à la fois passionnant et stressant. Les délais sont courts. Les premiers épisodes devraient être diffusés à partir de la rentrée prochaine, en septembre 2022. Au grand bonheur des chérubins marocains!