Pot de fer contre pot de terre

Driss Fahli Driss Fahli

Maître PJD tenait en son bec  un fromage, maître PAM,  par l’odeur alléché, lui tint  à peu près ce langage…  telle aurait pu commencer la fable qui  se joue actuellement entre les partis  autour de la cause des enseignants  stagiaires.

À l’approche des élections législatives,  les turbulences du mouvement  de contestation des enseignants stagiaires  constituent pour nos pâles  partis, un fonds de commerce politicard  de taille. Les peaux de bananes  sont parsemées çà et là pour extraire  d’un sac deux moutures: Tirer à boulets  rouges sur l’Exécutif et déclasser  Benkirane et sa ribambelle partisane.  Ainsi, le PAM et l’USFP, pour  faire pencher l’urne de leur côté, n’ont  pas hésité à transgresser la règle et la  procédure et à instrumentaliser le sort  de milliers d’enseignants stagiaires  destinés à renforcer les effectifs de  notre déficiente école publique.

Une lettre de médiatisation, sur le sort  de ces pauvres bougres a été adressée  par les Conseillers du PAM et de  l’USFP aux secrétaires généraux des  partis de la majorité et au ministre  des Finances. Dans cette missive, les  médiateurs auto-désignés appellent à  trouver une solution urgente au problème  des enseignants stagiaires, victimes  de deux décrets gouvernementaux  léonins qui impactent leur avenir  et leur poche. La lettre est adressée au  ministre des Finances RNI. L’entrée de  l’indécis RNI dans le round de l’artifice  politicien circonstanciel se fait par le  biais de la réponse directe du ministre  aux médiateurs. L’égo hégémoniste  de Benkirane prend un uppercut dans  la gueule et l’onde de choc dépasse  les espérances chthoniennes des divinités  du PAM et les piqûres associées  de l’agonisante USFP.

Le 31 mars, le Conseil de Gouvernement  a assisté à un discours hors  gonds du Premier ministre d’une virilité  inhabituelle contre les fameux  crocodiles du PAM et ceux des autres  étangs qui en veulent à l’harmonie  hégémoniste du PJD et ses composantes.  C’est ainsi que le RNIste  et ministre des Finances Mohamed  Boussaid, qui a répondu à la correspondance  des partis sans en référer  au Premier ministre, a subi, pour la  deuxième fois de son existence ministérielle,  l’ire et le recadrage de son  chef.

La réponse du berger à la bergère ne  s’est pas fait attendre. Le RNI publie  d’une façon non officielle une tirade  de réactions chauffées à la forge du  parti, attribuées à un RNIste touché  dans ses convictions partisanes.  Bref, toute cette pagaille impétueuse  qui oublie de se refréner, toutes ces  escarmouches politiciennes entreprises  à l’approche des élections  n’auront pour résultat que la fragilisation  de la coalition gouvernementale  et une victimisation plus poussée de  la cause des enseignants stagiaires,  qui deviennent, du coup, les dindons  de la farce du calcul politicien.

Or il se trouve que ces dindons n’ont  pas l’intention de s’accommoder de  la farce ni d’être un enjeu de nos vaillants  politicards. Ils vont poursuivre  leur mouvement et entreprendre des  «marches de pôles» et plusieurs  sit-ins dès ce mercredi 6 avril. Ils rejettent  toute récupération politique de  leur situation et demandent que les  deux décrets pondus par le pot de fer  soient purement et simplement abrogés.  Bonjour la crise.  Avec ce ramdam, on oublie de poser la  question qu’il faut: Quelle est la compétence  d’un cadre politique, ministre  par dessus le marché, qui puisse penser  qu’en sabrant 50% de l’indemnité  d’un étudiant, il va le tenir tranquille?  Passer d’une bourse de 2.450 dh à  1.200 dh a de quoi pousser les pots  de terre à la casse quel qu’en soit le  prix. Une confrontation incertaine est  en perspective…

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