Un politique de grande courtoisie

DRISS JETTOU, ANCIEN PRESIDENT DE LA COUR DES COMPTES

Toujours impeccablement mis, Driss Jettou, ce grand commis de l’État est un homme d’une simplicité, d’une humilité et d’une courtoisie extrêmes. Tous ceux qui l’ont approché en conviennent: il est de ces rares hommes politiques qui ont ce côté bon père de famille qui rassure les Marocains.

Cultivant la discrétion à toute épreuve, Driss Jettou n’est pas porté sur les grands discours. Homme d’action il a bénéficié tout au long de sa carrière d’un bilan politique des plus remarquables. Ceux qui le connaissent ne tarissent pas d’éloges à son égard, et le considèrent comme le meilleur Premier ministre qu’ait jamais eu le royaume.

On peut le créditer, justement, d’avoir accompli les missions les plus difficiles aussi bien à la tête de la primature que celle du ministère de l’Intérieur, mais aussi en présidant aux destinées du ministère de commerce et de l’industrie. Sans parler de ses dernières années passées à la présidence de la Cour des Comptes.

Né en mai 1945 à El-Jadida, Driss Jettou est le fils d’un petit commerçant austère, pieux et monarchiste. Après des études secondaires au lycée El Khawarizmi de Casablanca, où il obtient le baccalauréat technique mathématique en 1964 et son diplôme de physique-chimie en 1966, il commence sa carrière, dans le privé, à Bata-Maroc. Il parfait sa formation par un stage de deux ans à Londres, en management, au Cordwainers College, avant de rentrer au pays, pour quitter rapidement Bata et voler de ses propres ailes.

Il se lança ensuite dans les affaires de 1968 à 1993. En 1981, il est présenté au roi Hassan II. Il entre, sur la pointe des pieds, dans le sérail et finit par devenir ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat en novembre 1993 dans le «gouvernement des technocrates» de Karim Lamrani.

Nouvelle promotion
Après l’alternance de 1998, et l’arrivée à la primature du socialiste Abderrahmane Youssoufi, il quitte le gouvernement et récupère la présidence du groupe Au Derby. Patron à la fibre sociale, il crée Al-Amana, première association spécialisée dans la distribution de microcrédit.

À la mort de Hassan II, en juillet 1999, il devient conseiller du nouveau roi Mohammed VI, qu’il a connu prince héritier. Jettou jouit depuis cette date de la confiance royale. Il est nommé représentant de Siger, le holding financier de la famille royale, dans les différents conseils d’administration des nombreuses sociétés au sein desquelles elle possède des participations. Discret mais efficace, ses conseils sont écoutés.

Le 2 août 2001, nouvelle promotion: on lui confie les clés de l’Office chérifien des phosphates. Le 19 septembre de la même année, on l’appelle à l’Intérieur (de 2001 à 2002). Le 9 août 2012, il a été nommé premier président de la Cour des comptes. Poste qu’il assuma avec grand succès jusqu’à la dernière nomination royale à la tête de cette haute institution, le 22 mars 2021, de Zineb El Adaoui.

Homme de dossiers et gestionnaire extrêmement compétent qu’il est, c’est aussi l’homme à qui le monde des affaires a toujours réservé un accueil très favorable. C’est que M. Jettou a l’art de consulter et de négocier avec tout le monde: politiques, hommes d’affaires, partenaires sociaux et différentes personnes de la société civile. Ayant une connaissance intime de l’appareil administratif, ce grand commis d’État, pragmatique et consensuel, a rempli tous ses devoirs avec abnégation et même dépassé tous les espoirs portés sur lui.

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