Habib El Malki
La récession profonde de l’économie internationale renforcée par une détérioration rarement égalée des conditions sociales ne laisse aux décideurs publics que le choix de la dépense publique.
Considérant que les voies de la reprise mondiale sont de plus en plus incertaines, le temps est plus que jamais à une politique économique post-crise basée sur la dépense publique nous disent les experts du Centre Marocain de Conjoncture (CMC). Centre qui vient de publier dans son spécial mensuel («Maroc Conjoncture» n° 330) une analyse portant sur «la pandémie: Quels mécanismes pour la protection sociale?».
La persistance de la crise sanitaire déteint fortement sur l’équilibre économique et social, disent les analystes du centre que dirige Habib El Malki. Pour ces experts les projections les plus prudentes prédisent pour la fin de l’exercice une contraction de la production globale de 7 %. Cette destruction de richesse inégalée depuis de longues années devrait par ailleurs être aggravée par la perspective d’une perte massive d’emploi dans les secteurs les plus vulnérables.
Les données relatives au troisième trimestre de l’année font état d’une destruction nette de 581 milliers de postes d’emplois, induisant une hausse du taux de chômage moyen de 3,3 points en une année. La politique économique post-crise devrait dans ces conditions oeuvrer prioritairement au redressement de l’activité à travers l’intensification de l’effort d’investissement.
Elle devrait également mettre à profit le nouvel élan de solidarité pour le développement de facteurs de résilience au plan social. A l’instar des autres pays, l’économie marocaine se trouve, ainsi, encore malmenée par la crise sanitaire de la covid-19. Pour aller au-devant de ses répercussions négatives, la totalité des pays se sont engagés dans des politiques budgétaires généreuses mettant de côté les normes barrières et les seuils limites qu’ils se sont imposés pour réduire la dette et le déficit budgétaire.
Normes barrières
Pour les experts du CMC, le virage pris est loin d’être un relâchement dû à une gestion laxiste des finances publiques des États ou un pilotage à courte vue, bien au contraire, c’est «une orientation politique délibérée de relance, considérée comme seule alternative qui permettrait aux économies de se dépêtrer de la crise profonde dans laquelle elles se sont engluées».
Une politique d’austérité en cette période récessive, disent-ils, n’arrangerait aucunement les choses ; et ce n’est pas en procédant à la contraction des dépenses publiques et en augmentant les impôts qu’on arriverait, même à terme, au désendettement recherché et à l’atténuation du déficit.
Les effets et les ressorts déterminants d’un resserrement budgétaire pourraient même, en de pareille déprime, aboutir à l’inverse des résultats attendus, en entravant la reprise des activités et en aggravant la tension sur le marché de l’emploi. L’ajustement budgétaire pour préserver les équilibres financiers n’est pas une mauvaise chose, mais au niveau du cycle économique, il y a un temps à toute action ou choix politique.