LE POLISARIO NON GRATA À NOUAKCHOTT

Visite du "chef de la diplomatie" séparatiste en Mauritanie

Malgré ses discours, le mouvement séparatiste du Front Polisario est bien en train de perdre ses dernières attaches dans la voisine du Sud.

Le Front Polisario peut se faire du mouron. Le mouvement séparatiste sahraoui est de plus en plus isolé sur le plan international, et ce même dans des pays où il pouvait compter, jusqu’à récemment, de solides appuis. C’est le cas notamment en Mauritanie, dont le président, Mohamed Ould Ghazouani, ne semble pas emballé plus que cela par l’idée de se retrouver avec un Etat fantoche, en l’occurrence la pseudo «République arabe sahraouie démocratique» (RASD), à sa frontière nord.

Ainsi, le concerné n’a cessé, depuis son entrée en fonction le 1er août 2019 en lieu et place de Mohamed Ould Abdel Aziz, de multiplier les signes d’hostilité envers le Polisario, au point que ce dernier ne rate pas une occasion de s’en émouvoir via ses plumitifs qui s’activent dans la presse et sur les réseaux sociaux. Parmi ces signes, le plus éloquent a sans doute été la déclaration du ministre des Affaires étrangères mauritanien, Ismail Ould Cheikh Ahmed, le 7 novembre, pour «une solution juste, durable et acceptable par toutes les parties en conflit», et ce dans les plus brefs délais -il a très exactement déclaré qu’«il est temps de mettre fin au conflit».

Dans les camps de Tindouf, en Algérie, où le Polisario tient son quartier général depuis le déclenchement du différend autour du Sahara marocain en novembre 1975, ses propos ont, ainsi, été considérés comme étant suffisamment inquiétants pour pousser à une offensive, dans la mesure où ils favorisent, à raison, le Maroc et ses thèses. Au cours des dernières semaines, on a, à cet égard, vu ses dirigeants multiplier les déplacements en Mauritanie, à l’instar du pseudo «ministre des Affaires étrangères» de la pseudo «RASD», Mohamed Salem Ould Salek, qui avait eu droit à une audience le 21 novembre de M. Ould Ghazouani au palais présidentiel de la capitale du pays, Nouakchott.

Ces entretiens ont, ainsi, été présentés par les médias polisariens comme un succès, sachant d’autant plus que le pseudo diplomate a pu rencontrer, au cours de sa visite, cinq chefs de partis locaux pour les inviter au prochain congrès du Polisario, mais il ne faut pas s’y tromper: le mouvement séparatiste n’a plus vraiment d’attache en Mauritanie, et ce en dépit des déclarations de M. Ould Salek sur le fait que la pseudo «RASD» et la voisine du Sud soient, selon lui, «habités par un même peuple». De fait, il s’agit d’une rencontre purement formelle, étant donné le rôle de partie prenante de la Mauritanie, en tant que pays voisin, dans le conflit du Sahara marocain. Déjà, M. Abdel Aziz, que l’on ne peut pourtant pas taxer de sympathies marocaines, mais bien au contraire, avait confié à Abdel Bari Atwan, dans une interview accordée début avril au journaliste palestinien, que personne, au sein de la communauté internationale, ne souhaitait qu’un Etat sahraoui voie le jour au Maghreb. Des sources diplomatiques américaines, jointes par le quotidien américain The Wall Street Journal pour un article sur le conflit du Sahara marocain publié le 20 août, confirmaient ces indiscrétions de l’ancien président mauritanien. Le risque sécuritaire qui se pose actuellement au Sahara et au Sahel, du fait de la présence de nombreux groupes terroristes dans le corridor désertique correspondant à ces deux régions, est, ainsi, pour renforcer cette conviction au sein des grandes chancelleries.

D’ailleurs, les autorités algériennes ellesmêmes, quand bien même elles restent le premier soutien du Polisario, viennent d’adresser à la MINURSO, la mission de paix de l’Organisation des Nations unies (ONU) au Sahara marocain, une alerte de sécurité après que ses services de renseignements aient eu vent d’un plan visant à kidnapper ses membres présents à Tindouf. Dans le sillage de cette alerte, un pays comme l’Espagne a demandé à ses ressortissants, ce 2 décembre, d’éviter tout déplacement dans lesdits camps, et pour ceux qui s’y trouvent déjà «de les quitter au plus vite». (Lire notre dossier de couverture, pages 10-17). On imagine mal, dans ces conditions, le Polisario tenir un territoire aussi large -266.000 km2- que le Sahara marocain et la communauté internationale se risquer à vouloir le lui confier.

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