Police de l'environnement : Un vrai fiasco

Lancée en grande pompe en février 2017, la police de l’environnement suscite encore des interrogations quant à son rôle et tarde encore à justifier sa création.

Ce devait être une avancée significative pour l’environnement au Maroc. Plus de deux ans et demi après son lancement officiel, la police de l’environnement a quasiment disparu de la circulation. Selon le décret n°2-14-782 relatif à l’organisation et aux modalités de fonctionnement de la police de l’environnement, cet organe se charge de la prévention, du contrôle, de l’inspection, de la recherche, de l’investigation, de la constatation des infractions et de la verbalisation prévue par les dispositions des lois relatives à l’environnement. Mais voilà, entre sous-effectif, manque de formation, multiplicité des intervenants, vide juridique et réglementaire, ... les «policiers verts» sont impuissants face aux pollueurs. Pourtant, ce ne sont pas les infractions qui manquent. Pollution des cours d’eau et de l’air, pillage de sable, abattage des arbres, déchets chimiques et industriels jetés dans la nature, décharges anarchiques, braconnage… Les problématiques et les enjeux sont énormes.

Au niveau réglementaire, la mission des inspecteurs de l’environnement se heurte à un vide flagrant. L’absence de normes claires dans le droit marocain rend impossible de sévir contre les parties incriminées. D’ailleurs, la DGSN qui chapeaute cette unité spéciale, ne communique rarement pour ne pas dire jamais sur les résultats de la police de l’environnement.

Impuissants face aux pollueurs
Peu visibles sur le terrain et dans les médias, ces policiers écolos risquent de ne pas être pris au sérieux par les contrevenants, encore moins par les citoyens lambda. Qui a déjà vu circuler dans nos villes ou nos campagnes ces policiers déplaçant à bord de véhicules de couleurs noire et verte, siglés en arabe et en français «police de l’environnement» ? Pas grand monde si l’on se réfère aux premières constatations réalisées lors du premier semestre 2017. Seulement 30 opérations de contrôle ont été réalisées par la Police de l’environnement en six mois par 38 inspecteurs assermentés près les différents tribunaux de première instance. Trop peu pour espérer un revirement à 180° des pratiques des industriels, notamment.

«Malgré leur appellation, les policiers de l’environnement sont des fonctionnaires civils dont la vocation est de constater, sensibiliser, prévenir, anticiper et dissuader plutôt que de réprimer ou sanctionner », avait expliqué la secrétaire d’État chargée du Développement durable, Nezha El Ouafi. Face à l’immensité de la tâche, la question des équipements et de la logistique nécessaires, se pose. Pour couvrir les périmètres géographiques dont ils ont la charge, être présents partout où l’environnement est mis en danger et accomplir leur travail dans de bonnes conditions, les policiers de l’environnement devraient, bien entendu, être dotés de tous les moyens matériels et logistiques nécessaires.

Pour avoir un réel impact sur notre environnement et les citoyens marocains, la chasse aux pollueurs devrait impliquer plusieurs départements et organes gouvernementaux et non gouvernementaux, d’où la nécessité de coordonner l’action et de délimiter les compétences et les champs d’intervention des uns et des autres pour éviter toute confusion ou dispersion des efforts.

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