Podemos prend parti pour la pseudo "RASD"

RELATIONS MAROC-ESPAGNE

Surprenant communiqué que celui du parti d’extrême gauche Podemos appelant le gouvernement Pedro Sanchez, auquel il appartient, à prendre langue avec les séparatistes sahraouis.

Le Maroc ferait-il les frais des guerres intestines minant Podemos depuis son entrée dans le gouvernement Pedro Sanchez le 13 janvier 2020? En effet et après plusieurs mois de retenue, au point que l’on croyait qu’il avait enfin mûri et mis de côté son logiciel digne de la guerre froide, le parti politique espagnol d’extrême gauche a totalement dérapé ce 15 juin 2020 en se fendant sur son site web officiel d’un communiqué appelant le cabinet auquel il appartient à reconnaître la pseudo “République arabe sahraouie démocratique” (RASD) et à établir des relations “diplomatiques” (sic) avec elle.

Podemos réagissait, ainsi, à une décision rendue quelque deux semaines plus tôt par la chambre civile du Tribunal suprême espagnol décrétant que les provinces sahariennes anciennement colonisées par l’Espagne ne pouvaient être considérées comme ayant été espagnoles -ce qui ne peut de toute façon avoir été le cas, puisqu’il s’agissait in fine d’une partie d’un protectorat sur un Etat souverain-, et, partant, déniait le droit aux personnes en étant originaires d’être naturalisées en deux ans seulement, comme c’est le cas par exemple pour les ressortissants des pays de l’Amérique hispanique. Ce contre quoi Podemos s’est inscrit en faux, arguant du fait que Madrid devait selon lui respecter ses “obligations”, et demandant donc à l’Exécutif présidé par M. Sanchez de prendre langue avec la pseudo “RASD”, alors même qu’il sait que cette dernière n’a absolument pas les attributs d’un État, à commencer par le territoire.

Une demande incongrue
Ledit Exécutif devrait d’ailleurs tout simplement balayer d’un revers de main cette demande incongrue de Podemos. Dans ce sens, il y a lieu de rappeler la position clairement exprimée par la ministre des Affaires étrangères espagnole, Arancha Gonzalez, lors de sa visite du 24 janvier au Maroc affirmant que “l’Espagne ne reconnaît pas la RASD”. D’ailleurs, joignant le geste à la parole, la diplomate avait pris soin de ne pas intégrer, le 25 mai sur Twitter, l’entité séparatiste dans la carte qu’elle avait fait publier de l’Afrique pour souhaiter aux Africaines et aux Africains un “joyeux jour de l’Afrique”. Ce qui, au passage, lui avait valu des attaques directes du Front Polisario, qui avait réagi trois jours plus tard par voie de communiqué pour dénoncer une “provocation”.

C’est dire donc si ce dernier doit s’en donner désormais à coeur joie, maintenant que Podemos a apporté son soutien à sa pseudo “cause”. Faut-il cependant y voir un revirement du parti espagnol, qui pour rappel avait pris ses distances fin février avec son secrétaire d’Etat aux Droits sociaux, Nacho Alvarez, après que celui-ci a reçu de son propre chef au siège de son département, le 21 février, la pseudo “ministre” sahraouie des Affaires sociales et de la Promotion de la femme, Souilma Birouk? Ainsi, son leader, Pablo Iglesias, affirmait trois jours plus tard sur la chaîne de télévision TVE que “c’est le ministère des Affaires étrangères qui détermine la position de l’Espagne sur le Sahara”, sachant que Mme Gonzalez s’était déjà très clairement exprimée à ce sujet et que cela revenait à appuyer indirectement cette dernière.

Chose qui, comme on peut l’imaginer, avait alors fortement indisposé à Podemos, qui compte en son sein de nombreux militants pro-séparatistes et avait, justement, notamment fragilisé M. Iglesias, déjà en proie à une contestation importante depuis qu’il avait rallié M. Sanchez, pas suffisamment à gauche aux yeux du parti. On se souvient, ainsi, de la façon tonitruante dont le courant anticapitaliste mené par l’enseignante andalouse Teresa Rodriguez avait claqué la porte. Se peut-il donc que le communiqué ait seulement été produit dans un objectif de consommation interne?.

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