Plus africain que jamais

LA DIPLOMATIE AU TEMPS DE LA COVID-19

Si la pandémie actuelle est venue rappeler une chose, c’est que l’engagement du Maroc en faveur de son continent est loin d’être seulement un discours de circonstance.

Il va sans dire que l’exercice diplomatique en passe de se terminer a été profondément marqué par la Covid-19. Celle-ci a ainsi, au cours des derniers mois, grandement accaparé l’attention du service diplomatique marocain, et il va de soi donc, à l’heure de faire les comptes, d’y mettre particulièrement l’accent. On retiendra principalement, à cet égard, la mise en place, le 13 avril, par le roi Mohammed VI d’un cadre opérationnel visant à accompagner les pays africains dans leur lutte contre la pandémie.

Avec à la clé quelque deux mois plus tard, plus exactement le 14 juin, la livraison à quinze de ces pays, à savoir le Burkina Faso, le Cameroun, les Comores, le Congo, l’Eswatini, la Guinée, la Guinée- Bissau, le Malawi, la Mauritanie, le Niger, la République démocratique du Congo, le Sénégal, la Tanzanie, le Tchad et la Zambie, d’une aide médicale consistant en “près de 8 millions de masques, 900.000 visières, 600.000 charlottes, 60.000 blouses, 30.000 litres de gel hydroalcoolique, ainsi que 75.000 boîtes de chloroquine et 15.000 boîtes d’Azithromycine”, comme l’avait alors précisé, dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. L’initiative du roi Mohammed VI s’était de fait dès le départ voulue, comme l’avait souligné un communiqué du Cabinet royal, “pragmatique et orientée vers l’action”, et c’était donc joindre le geste à la parole que de procéder de la sorte.

Communauté de destin
Sur le continent, les louanges ont naturellement plu envers le Maroc, dans la mesure où les pays récipiendaires de l’aide médicale ont hautement apprécié le fait que le Royaume se soit montré aussi solidaire d’eux en dépit du fait qu’il était lui-même profondément affecté, aussi bien sanitairement qu’économiquement, par la Covid-19. Le président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló, avait même publié, à cette occasion, d’une lettre ouverte se félicitant des “excellentes relations d’amitié et de solidarité” liant Bissau et Rabat. On pourrait aussi faire mention, dans le même sens, des sorties à l’avenant du ministre de la Santé et de l’Action solidaire sénégalais, Abdoulaye Diouf Sarr, qui avait vu dans “le don extrêmement important” reçu par son pays “l’expression d’une grande solidarité et d’une fraternité”, ou encore du ministre des Affaires étrangères mauritanien, Ismail Ould Cheikh Ahmed, qui avait fait référence à “la solidité des relations entre les dirigeants” du Maroc et de Mauritanie “ainsi qu’entre leurs deux peuples”; pour ainsi dire, le Maroc est sorti plus que grandi, à l’échelle africaine, de cette période de Covid-19.

Beaucoup y ont trouvé, bien évidemment, pourtant à redire: on peut notamment faire référence à une certaine presse algérienne, qui y a vu un simple opportunisme politique de la part du Royaume pour rallier à sa première cause, en l’occurrence celle de son Sahara, de nouveaux soutiens. Mais pourquoi alors, si tel est le cas, l’Algérie et les autres pays africains hostiles à l’intégrité territoriale marocaine que sont l’Afrique du Sud et le Nigéria n’ont-ils pas fait de même pour mettre des bâtons dans les roues à la diplomatie nationale? Ou quand il s’agit encore et toujours de critiquer seulement, sans véritablement présenter d’alternatives.

Conforter la position du Maroc
On ne peut bien sûr, à l’évidence, nier que le Maroc ne peut que profiter, politiquement parlant, que son image soit, non seulement en Afrique mais aussi dans les autres continents, excellente. Cela peut, en effet, lui permettre de bénéficier d’un appui autrement plus grand que celui dont il jouit actuellement, comme peut l’illustrer le fait que seuls 30 pays encore reconnaissent la pseudo “République arabe sahraouie démocratique” (RASD), qui revendique le Sahara marocain au nom du mouvement séparatiste du Front Polisario.

Pour en rester aux pays africains, on a vu coup sur coup cette année, à partir du mois de décembre, la Gambie, la Guinée, le Gabon, la République centrafricaine et Sao Tomé-et-Principe, la Côte d’Ivoire, le Burundi et Djibouti ouvrir des représentations diplomatiques dans les provinces sahariennes, ce qui revient de leur part à conforter la position du Maroc eu égard à la marocanité de la région. Mais c’est avoir la vue courte que de considérer la politique africaine du Royaume sous cette seule perspective. Ainsi, le roi Mohammed VI avait rappelé, dans son discours de la Révolution du Roi et du peuple du 20 août 2017, qu’il y avait plutôt là lieu d’un “gage de notre fidélité à [une] histoire commune, et l’expression d’une foi sincère dans la communauté de destin qui nous rassemble”.

Avec dès 1960, avait-il égrené, “la participation à la première opération de maintien de la paix au Congo”, “la tenue, la même année, à Tanger, de la première réunion de la Commission de développement de l’Afrique”, “la création (...), au sein du gouvernement de 1961, d’un ministère pour les affaires africaines” et “la tenue [en 1961] de la Conférence de Casablanca”. Et aux dernières nouvelles, le conflit autour du Sahara marocain n’en était pas encore alors à sa configuration actuelle -le Polisario n’existait tout simplement même pas, sans parler de l’Algérie qui se trouvait toujours colonisée par la France et qui avait, soit dit en passant, dans le Maroc la base arrière la plus importante de sa révolution.

Le roi Mohammed VI avait également plaidé fin février 2014, dans son fameux discours fait à Abidjan, en Côte d’Ivoire, à l’occasion du Forum maroco- ivoirien, pour que “l’Afrique [fasse] confiance à l’Afrique”, et c’est donc dans l’ordre des choses que cette confiance se matérialise, en temps de pandémie, par une présence de tous les instants auprès des pays qui en ont le plus besoin. Certains ne voudront sans doute jamais s’en convaincre, mais l’essaieront- ils seulement?.

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