LE PLAN DE GUERRE DE LA CGEM

LE PATRONAT SE FEND DE 508 MESURES DE RELANCE, DONT SEPT PHARES

Après près de cinq semaines d’échanges, la confédération patronale a sorti, le 21 mai, une proposition de plan de relance de l’économie marocaine. Le débat à son propos promet d’être nourri au cours des prochaines semaines.

Un plan de guerre. Voilà comment on serait tenté de qualifier le plan de relance économique rendu public par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) ce 21 mai 2020, après près de cinq semaines de travail -33 jours exactement- et en mettant à contribution 25 des 33 fédérations sectorielles relevant d’elle. Comptant 508 mesures dont sept “phares”, ce plan vise, comme l’indique son nom, à aider les entreprises nationales à absorber le choc de la pandémie de Covid-19 qui s’était déclenchée le 2 mars au Maroc et avait conduit le gouvernement Saâd Eddine El Othmani à déclarer 18 jours plus tard l’état d’urgence sanitaire, et ce en comptant principalement sur l’intervention de l’Etat.

Il s’agit notamment de prolonger les mesures prises depuis le 16 mars et la première réunion du Comité de veille économique (CVE) mis en place cinq jours plus tôt par l’Exécutif et au titre desquelles on peut citer le lancement de la garantie “Damane Oxygène” -le 26 mars- pour aider les entreprises à répondre à leurs besoins de trésorerie ainsi que le mécanisme d’arrêt de travail temporaire, qui selon les derniers chiffres présentés le 4 mai à la Chambre des représentants par le ministre du Travail et de l’Insertion professionnelle, Mohamed Amakraz, a profité à plus de 900.000 salariés affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) représentant quelque 134.000 entreprises.

Mais plus, la CGEM souhaite que les pouvoirs publics orientent leur arsenal d’aide en priorité vers les entreprises que l’on pourrait qualifier de “citoyennes”, c’est-à-dire celles s’acquittant de leurs impôts et de leurs charges sociales et qui, surtout, ont préservé les emplois au cours des dernières semaines, tant en ce qui s’agit de l’arrêt de travail temporaire, dont les coûts seraient partagés entre l’employeur, l’employé et l’Etat par le biais d’une exonération de l’impôt sur le revenu, qu’à travers l’introduction d’une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 10% pour les produits mis à mal par l’informel contre un taux usuel de 20%, entre autres mesures mentionnées dans le plan.

Et le patronat a également mis l’accent sur la création et la promotion d’un label “contenu marocain certifié” qui serait de nature à favoriser le “made in Maroc” face à la concurrence étrangère, et dans le même sens, il veut que la commande publique, dont le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, avait fait le 19 mai à la Chambre des conseillers “un outil décisif pour la relance économique”, avantage les entreprises marocaines.

Besoins de trésorerie
Enfin, la CGEM s’est prononcée en faveur de l’extension de l’assurance maladie obligatoire (AMO), notamment au profit des salariés des micro-entreprises, lesquelles micro-entreprises se verraient par ailleurs bénéficier d’un statut spécial leur permettant une cotisation forfaitaire de leurs impôts avec l’AMO. De passage le 22 mai sur la chaîne Médi 1 TV, le président de la CGEM, Chakib Alj, a estimé le coût induit par le plan de son organisation “autour de 80 milliards de dirhams, dont 60 milliards déjà en garantie”. “Nous attendons que l’État nous accompagne avant de nous laisser nous développer,” a-t-il souligné.

La prochaine réunion du CVE, dont la date exacte n’a pas encore été annoncée devrait être l’occasion d’en discuter plus amplement entre les différents décideurs, sachant que la CGEM est membre du comité. En tout cas, le débat devrait être nourri notamment avec les banques, en inimitiés avec M. Alj depuis sa lettre du 27 mars critiquant leurs “écarts” présumés en termes d’appui aux entreprises.

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