Le PJD plus que jamais isolé

Adoption par la chambre des représentants du projet de loi sur la légalisation du cannabis

Malgré la farouche opposition du PJD, le projet de loi sur la légalisation du cannabis à des fins médicales a enfin pu être adopté à la Chambre des représentants. Une adoption qui sonne comme un échec cuisant du parti au pouvoir.

Un nouveau palier vient d’être franchi par le projet de loi sur légalisation du cannabis à des fins médicales. En effet, mercredi 26 mai 2021, le texte a été adopté à la majorité en séance plénière à la Chambre des représentants par 119 voix pour et 48 contre.

Seuls les députés du PJD présents à la séance ont voté contre. Depuis le démarrage des consultations sur ce texte, le PJD s’y est opposé farouchement sur instigation de leur ancien secrétaire général, Abdelilah Benkirane. Les débats pour son adoption ont été particulièrement houleux.

Le secrétaire général du PAM, Abdellatif Ouahbi, lors d’une intervention enflammée à la tribune, a vivement critiqué le double visage du parti au pouvoir en affichant une forte hostilité aux textes législatifs qui ne cadrent pas avec leur référentiel idéologique. Une critique qui s’ajoute à celle formulée par un député du PAM, Hicham El Mhajri, qui pendant les débats en commission parlementaire avait dit que le PJD accepte volontiers les taxes sur la cigarette et l’alcool mais refuse celles sur le cannabis à usage médical.

Pour sa part, le ministre de l’intérieur, Abdelouafi Laftit, grand architecte de ce texte, estime que ce dernier intervient en phase avec les mutations qu’a connues le système mondial de contrôle des stupéfiants et dans un contexte spécial marqué par un engouement sans précédent des pays du monde pour développer la culture du cannabis et tirer profit des revenus issus de la commercialisation de ses produits licites.

Atouts compétitifs
Des études exhaustives menées par le ministère de l’intérieur démontrent que le Maroc dispose de grandes potentialités à même d’attirer d’importants investissements pour l’industrialisation du cannabis et l’accès aux marchés mondiaux de ces produits. Il y a aussi le positionnement géographique du Royaume aux portes de l’Europe, qui va faciliter l’accès au plus grand marché des produits du cannabis. Il s’agit également des équipements logistiques dont dispose le Royaume sans oublier l’attractivité de l’investissement en général et des investissements étrangers en particulier.

Le projet considère l’agriculteur en tant que pierre angulaire de ce chantier en lui permettant d’avoir une autorisation délivrée par l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au chanvre indien, créée en vertu de ce texte de loi. En appui aux efforts de négociations des agricultures avec les industriels, le projet de loi préconise le regroupement des agriculteurs sous forme de coopératives qui seront en charge de signer les contrats avec les industriels et de veiller à la préservation des droits des agriculteurs.

L’Agence de régulation se chargera également du soutien des agriculteurs et leur permettra de se doter des meilleures méthodes pour une agriculture durable et de s’ouvrir aux expériences mondiales dans ce domaine, en plus de l’acquisition de semences de qualité supérieure. Seulement, pour créer un climat propice à l’entrée en service de ce projet de loi, les voix s’élèvent de plus en plus parmi les parlementaires pour accorder une amnistie générale aux agriculteurs poursuivis par l’Etat pour culture du cannabis.

Une amnistie qui va fluidifier l’application de ce texte et lui accorder toutes ses chances de réussite. Si le ministre de l’intérieur semble pour le moment opposer son niet à cette requête, beaucoup tablent sur une position plus flexible des autorités.

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